Pour de nombreux futurs parents, voir le visage de leur bébé avant même sa naissance est un moment magique. Avec l’essor des échographies 3D, certains cabinets ont saisi l’opportunité de proposer des rendez-vous « plaisir », hors cadre médical, pour offrir des souvenirs visuels uniques. Mais cette tendance vient d’être stoppée net par une décision de justice qui pourrait bien faire jurisprudence.
Une condamnation lourde de sens
Le 2 juin 2025, à Dunkerque, une professionnelle a été condamnée à 3 500 euros d’amende avec sursis pour avoir réalisé des échographies 3D à visée non médicale. Son tort ? Avoir exercé, sans en avoir le droit, des actes réservés aux médecins et sages-femmes. Son activité consistait à proposer aux femmes enceintes des rendez-vous pour voir leur bébé sous tous les angles, comme on réserverait une séance photo.
Si l’intention n’était pas malveillante — l’entrepreneuse souhaitait simplement offrir un moment d’émotion aux parents — la justice a été claire : ces pratiques relèvent de l’exercice illégal de la médecine.
Une tendance séduisante… mais illégale
Lancée en 2023, son entreprise surfait sur une vague bien réelle : celle d’un suivi de grossesse plus émotionnel et personnalisé. Pour de nombreux parents, revoir leur bébé entre les échographies obligatoires permettait de tisser un lien plus fort. Mais cette personnalisation a franchi une ligne rouge réglementaire.
Un arrêté ministériel de 2018 stipule en effet que seules les sages-femmes et les médecins peuvent pratiquer des échographies obstétricales. Même si aucune intention de nuire n’a été retenue, la loi reste la loi. Et cette décision pourrait bien entraîner la fermeture d’autres structures similaires dans plusieurs départements français.
Des risques pour le fœtus encore trop peu connus
Au-delà du cadre légal, c’est aussi une question de sécurité pour le bébé. La Haute Autorité de Santé (HAS) rappelle que les échographies à but non médical ne sont pas anodines. Les ultrasons, surtout s’ils sont répétés sans nécessité, peuvent avoir des effets sur le développement du fœtus.
Les sages-femmes, garantes de la santé périnatale, alertent régulièrement : ces séances ne sont pas de simples photographies. Ce sont des actes médicaux qui doivent rester dans un cadre professionnel strict et encadré.
Futurs parents : comment faire la part des choses ?
Il est naturel de vouloir immortaliser chaque moment de la grossesse. Mais il est essentiel de rester vigilants face aux offres commerciales qui exploitent ce désir. Tous les cabinets ne sont pas habilités, et toutes les échographies ne se valent pas.
Comme le rappelle Anaïs Huguet, présidente du Conseil de l’ordre des sages-femmes du Nord :
« Ce n’est pas juste une jolie image, c’est un acte médical. »
Conclusion
Ce jugement met en lumière un besoin d’encadrement plus strict autour des pratiques d’échographies dites « de plaisir ». Il rappelle aussi que, même dans les moments de grande émotion, la sécurité et le cadre légal doivent primer.
Pour les futurs parents, le message est clair : ne confiez jamais votre suivi de grossesse à un cabinet non médicalisé. L’amour que vous portez à votre bébé commence aussi par des choix responsables.