Aux Etats Unis, un enfant sur quatre est obèse. Même si les chiffres sont moins inquiétants en Europe, la fréquence de l’obésité infantile est en augmentation dans tous les pays exception faite de la Finlande.
Quand un enfant est-il obèse, ou trop gros ?
Chez l’enfant comme chez l’adulte, l’obésité se définit par un excès de masse grasse dans l’organisme; l’importance de la masse grasse peut être indirectement estimée en calculant l’indice de masse corporelle (IMC), dont le calcul est simple : il suffit de connaître son poids et sa taille.
IMC : Poids (en kilos)/Taille (en mètre)x taille (en mètre)
C’est ainsi qu’un enfant de 24 kg mesurant 1,20 m a un IMC de 16,6 kg/m2. Cet indice fluctue tout au long de la croissance, de sorte qu’il faut utiliser des courbes d’IMC en fonction de l’âge. En France, ces courbes figurent désormais dans les carnets de santé.
Attention ! Etre trop gros ou être obèse, ce n’est pas la même chose. Les courbes feront la distinction. Et le surpoids est déjà parfois un problème médical.
Pourquoi un enfant est-il trop gros ?
L’obésité correspond à un déséquilibre entre les apports énergétiques (calories fournies par les aliments) et les dépenses énergétiques.
Chez les enfants et les adolescents, l’insuffisance de dépense d’énergie par inactivité physique semble au moins autant en cause qu’une consommation alimentaire excessive ou déséquilibrée.
Certaines obésités sont dues à une trop grande sédentarité malgré une alimentation tout à fait correcte.
Le mode de vie d’aujourd’hui est trop souvent sédentaire, privilégiant des activités qui n’entraînent pas de dépenses d’énergie : télévision, jeux vidéo, ordinateur… Ces activités sédentaires sont choisies en partie par goût, mais aussi de façon palliative, lorsque les jeux d’extérieur sont inaccessibles, ou par ennui, solitude.
Une autre cause fréquente est la déstructuration des rythmes alimentaires: petit-déjeûner sauté parce que l’enfant est en retard pour l’école, déjeuner proposé à la cantine qui ne plait pas à l’enfant, prises alimentaires pour compenser en fin de journée, avec grignotage depuis le retour à la maison jusqu’au dîner du soir.
Ce décalage dans la journée des prises alimentaires est néfaste pour la régulation du poids, comme les grignotages de produits souvent très gras sucrés et caloriques.
Les conséquences du surpoids
Les enfants obèses sont très tôt la cible de moqueries, de discriminations et de mises à l’écart de la part des autres enfants de leur âge. Il sont très souvent en situation d’échec scolaire.
Le regard des autres est particulièrement important à l’adolescence avec un risque de développer une estime de soi négative pouvant persister à l’âge adulte et handicaper la vie future en terme de réussite professionnelle et personnelle.
Par ailleurs, les enfants obèses sont souvent en avance en terme de maturation physique par rapport à leur classe d’âge. Plus grands que les autres pendant l’enfance, ils rencontrent des difficultés avec les adultes qui tendent à les considérer comme plus âgés. De ce fait, ils sont souvent en décalage par rapport à leur âge chronologique, ce qui peut entraîner un sentiment de frustration, d’incapacité ou d ‘échec.
Les conséquences médicales sont limitées dans l’immédiat. Les véritables complications n’apparaissent que des années plus tard.
Néanmoins, les enfants obèses peuvent avoir des anomalies lipidiques (trop de triglycérides ou de cholestérol dans le sang), une tension artérielle légèrement augmentée et un état « pré-diabétique ».
Leur sommeil peut être marqué par des pauses respiratoires dangereuses (apnées du sommeil) et ils peuvent présenter des troubles d’ordre orthopédique.
Plusieurs études scientifiques ont montré que les enfants et adolescents obèses avaient à l’âge adulte des maladies dues au développement précoce des plaques d’athérome sur les parois des artères (maladies cardiovasculaires ischémiques de type angine de poitrine), un risque accru de diabète, de cancers colo-rectaux et d’arthrose.
Que faire en pratique ?
Si vous considérez que votre enfant est trop gros, parlez en à votre médecin. Certains médecins, pédiatres ou généralistes, sont sensibilisés à ce problème. Sinon, vous pouvez avoir recours à un médecin nutritionniste.
Il est illusoire de penser que la poussée de croissance et les modifications liées à la puberté permettront de corriger spontanément une obésité infantile. Les études montrent que plus des deux-tiers des adolescents obèses deviendront des adultes obèses.
Comme chez l’adulte, l’association diététique-activité physique est le traitement qui permet d’obtenir les meilleurs résultats à long terme. Il n’existe pas de médicaments pour traiter les problèmes de surcharge pondérale chez l’enfant.
Attention aux régimes chez l’enfant et l’adolescent. Les régimes ne doivent pas compromettre la croissance qui nécessite des apports élevés en calories, en nutriments (surtout en protéines), en vitamines et en micro-nutriments (surtout fer, calcium).
Chez l’enfant et l’adolescent, les régimes hypocaloriques sont exceptionnellement nécessaires et doivent alors être menés sous le contrôle de médecins experts.
En pratique, un retour à une alimentation équilibrée et/ou des portions plus raisonnables suffisent dans la majorité de cas. Certains aliments très caloriques doivent être réduits (chips, barres chocolatées, viennoiseries… ) ainsi que les boissons sucrées (sodas, jus de fruits… )
Sachez que la restriction alimentaire, les « interdits » trop stricts qui mettent l’enfant à l’écart de ses amis ou de sa famille sont à éviter.
Quelques principes de base pour un bon équilibre alimentaire chez l’enfant
Consommer chaque jour des aliments de chacun des grands groupes d’aliments :
viande, poisson, oeufs au moins une fois par jour
crudités (légumes ou fruits frais): une ou deux portions à chaque repas
produits laitiers (lait, fromages, fromage blanc, yaourts, desserts lactés) au moins un par repas (3 ou 4 par jour pour le calcium)
légumes cuits une fois par jour
pommes de terre, pâtes, riz, légumes secs une fois par jour
pain une portion à chaque repas
matières grasses 5 à 10 grammes par repas
boire de l’eau à volonté et limiter les boissons sucrées
Il faut augmenter l’activité physique
Il est tout d’abord recommandé d’intervenir sur les comportements de l’enfant qui l’amènent à la sédentarité et à la déstructuration des prises alimentaires. Autrement dit, réduire le temps passé devant la télévision et les jeux vidéo, souvent associé à des grignotages d’aliments très énergétiques en dehors des repas.
La pratique d’une activité physique est un élément clé de la réussite. L’activité doit être choisie avec l’enfant ou l’adolescent, en fonction de ses goûts, de ses capacités physiques et de vos possibilités matérielles et financières. Des activités moyennement intenses et de durée prolongée sont recommandées telles que la randonné, le vélo, la natation.
La natation est parfois redoutée par l’enfant car elle expose le corps à la vue des autres. Il s’agit pourtant d’une activité physique idéale dans le cadre d’un surpoids.
Par ailleurs, vous pouvez imaginer des éléments simples à mettre en oeuvre pour que la vie de tous les jours soit plus active: faire le trajet de l’école à pied, en vélo ou en rollers, monter les escaliers rapidement à pied…
Vous pouvez aussi exploiter le goût du jeu des enfants ainsi que les camaraderies avec les autres enfants permettant de partager avec eux des activités physiques ( foot en bas de l’immeuble…).
Enfin, le mercredi et le week-end peuvent être l’occasion de pratiquer une activité physique en famille.