Un fait divers qui semble anecdotique au départ, mais qui soulève de nombreuses questions sur la justice, la précarité et la proportionnalité des peines. À Nantes, un homme de 34 ans, sans domicile fixe et bénéficiaire du RSA, a été condamné à deux mois de prison ferme pour avoir tenté de voler… une bouteille de Yop à 1,74 €.
Une tentative de vol qui tourne mal
L’incident remonte au vendredi 25 juillet, en fin de journée, dans un supermarché Leclerc du centre commercial Paridis. Le prévenu, déjà connu du magasin, règle deux articles avec l’aide d’une cliente avant de glisser discrètement une bouteille de Yop dans sa sacoche. Mais un agent de sécurité le repère immédiatement.
Au moment de l’interception, la situation dégénère : l’homme tente de prendre la fuite. Dans la confusion, un vigile est légèrement blessé au nez. Ce détail change tout : le vol simple devient un vol avec violence, une qualification beaucoup plus lourde devant la justice.
« Tout ça pour un Yop ! » : un prévenu désabusé
Présenté en comparution immédiate au tribunal de Nantes, le trentenaire n’a pas caché son exaspération. « Tout ça pour un Yop ! », lance-t-il à la barre. Mais derrière cette phrase se cache un casier judiciaire déjà chargé : six condamnations, dont quatre pour des vols similaires. Une récidive qui pèse lourd dans la décision des magistrats.
Un débat sur la proportionnalité des peines
L’avocat de la défense, Me Verlaine Etame Sone, a tenté de plaider la maladresse et non la violence volontaire. Selon lui, les versions divergent sur la blessure du vigile : coup de coude ou porte claquée ? Il a également rappelé que la bouteille avait été restituée et que son prix était inférieur à 300 €, ce qui pourrait permettre, dans certains cas, un abandon des poursuites.
Mais la procureure a insisté sur la récidive et requis quatre mois de prison ferme. Finalement, le tribunal a prononcé deux mois d’incarcération, assortis d’une interdiction de trois ans de paraître dans ce Leclerc.
Une peine sévère ou légitime ?
Ce jugement interroge. Faut-il envoyer en prison un homme en grande précarité pour une bouteille de Yop à 1,74 €, même si la récidive est avérée ? Ou faut-il y voir une nécessaire réponse face à des actes répétés et une résistance à toute alternative ?
L’affaire, devenue virale sur les réseaux sociaux, relance en tout cas le débat sur la justice sociale et la gestion des petits délits dans un contexte de pauvreté croissante.