La réponse semble aller de soi… Et pourtant, les femmes enceintes vivent leur grossesse de façon très différente. Elles sont traversées par des sentiments, des émotions, des désirs multiples intimement liés à leur vécu personnel. Leur histoire leur a t-elle permis d’épanouir leur féminité ? Ont-elles atteint la maturité leur permettant de vivre leur affectivité ?
Être femme, c’est toute une aventure… Être heureux de l’être, vivre sa féminité apaisée sans se sentir en rivalité avec les hommes, être en complicité avec eux. Chaque femme a sa propre histoire. Dans sa famille, les femmes sont-elles respectées, considérées, aimées ou à l’inverse dévalorisées, soumises, humiliées ? Ont-elles été valorisées dans leur devenir de femme par un père respectueux et ensuite par la mère ? Le fait d’être femme est-il ressenti comme une chance ou une malchance ? Tout ce vécu personnel influence très fortement la jeune fille. Elle se construit une image très diverse de la femme, image faite de craintes, de peurs, de rivalités et de haine de l’homme ou au contraire, pleine de fierté et de bonheur d’être femme, de complicité, d’affection et de tendresse vis-à-vis de l’homme. Devenue mère, elle portera en elle tous ces ressentis qui influenceront son comportement pendant la grossesse, avec son conjoint, avec ses enfants ensuite.
Vivre son affectivité
Qu’est-ce qu’aimer ? Question immense, mais qui se pose lors de la grossesse. » Vais-je savoir aimer mon enfant ? On rêve de savoir aimer, mais peut-on apprendre à aimer ? Aime-t-on l’autre pour lui-même, pour ce qu’il est profondément ou bien rêve-t-on de le façonner selon nos désirs ? Aimer l’autre pour lui et non pour soi, sans possessivité ni domination, pour qu’il vive son chemin, développe ses dons, ses talents. L’amour rend libre et conscient de soi. Cette maturité affective est en chemin. Cette capacité affective est en germe en chacun de nous mais de façon plus ou moins développée. Elle est nourrie par toutes les rencontres affectives de notre histoire. Quand le destin nous a mis dans un environnement froid, distant, on vit le désarroi de n’être pas reconnu, aimé, valorisé. » Je suis née par hasard, mes parents avaient d’autres préoccupations que moi, ils se disputaient, pour eux, j’étais un boulet. Je me sentais perdue, seule, ne connaissant aucun autre rapport que le mépris ou l’indifférence. Je vivais dans la méfiance totale des autres. Je ne pouvais pas entrer réellement en relation avec eux, ils me faisaient peur « . Pour cette jeune femme qui n’a pas été aimée, ses capacités affectives sont en sommeil. En revanche, si elle rencontre sur sa route de véritables humains qui prennent le temps de faire attention à elle, qui la reconnaissent pour ce qu’elle est, la valorise, l’aime alors progressivement sa méfiance, sa peur des autres diminuera. Elle pourra s’ouvrir, trouvera une confiance en elle et petit à petit prendra plaisir à être avec autrui, se sentira apaisée et pourra commencer à aimer…
La grossesse, un passage, une mutation…
La femme devient mère, l’homme devient père. Être mère, être père c’est donner une place à son enfant, s’ouvrir à lui, l’aimer, se sentir responsable de lui. La capacité d’aimer un autre être que soi, pour lui-même, sans domination, sans possession, pour qu’il s’épanouisse sera facile pour certains, plus difficile pour d’autre. Lorsque l’enfance a été difficile, souvent les souvenirs douloureux remontent à la mémoire pendant la grossesse. La femme, l’homme ne veulent alors surtout pas devenir comme leurs parents, mais ne savent pas comment faire et cette période de la grossesse peut être très troublée pour eux. S’ils se sentent perdus, le mieux est de ne pas rester seul face à toutes ces interrogations et de se faire aider par un professionnel.