Depuis quelques années, un curieux débat refait régulièrement surface sur les réseaux sociaux : les cartes météo seraient devenues « plus rouges » qu’avant, comme si les chaînes de télévision cherchaient à dramatiser les épisodes de chaleur. Certains y voient même une manipulation destinée à « faire peur » au public. Mais la réalité, loin des théories complotistes, est bien plus simple… et scientifique.
Le rouge en météo : un code vieux de plusieurs décennies
En météorologie, le rouge pour symboliser la chaleur et le bleu pour le froid est un code couleur utilisé depuis plus de 30 ans à l’échelle internationale. Ce choix n’a rien de nouveau et n’a pas été inventé pour amplifier visuellement les vagues de chaleur.
Les cartes météo dites « brutes » issues des modèles de prévision représentent souvent l’écart entre la température prévue et la moyenne de saison. Ainsi, en été, plus cet écart est important, plus la teinte de rouge est intense. Lors d’une canicule, si les températures dépassent la moyenne de +10 à +13 °C, la carte vire au rouge foncé, voire au violet.
Pourquoi elles paraissent plus rouges aujourd’hui
Le réchauffement climatique rend les canicules plus fréquentes et plus intenses. Résultat : les écarts à la moyenne sont aujourd’hui plus importants qu’il y a vingt ans. Logiquement, les cartes affichent donc davantage de rouge, non pas parce que les météorologues ont changé leur palette, mais parce que les données elles-mêmes ont évolué.
Des comparaisons souvent trompeuses
Sur Internet, on voit circuler des montages censés prouver que les cartes météo s’assombrissent avec le temps. Problème : ces comparatifs sont souvent biaisés. Ils peuvent juxtaposer des images issues de chaînes différentes (avec des chartes graphiques distinctes), ou comparer des mois aux normales saisonnières très différentes, comme juin et août.
Guillaume Séchet, météorologue à BFM, rappelle d’ailleurs que certaines chartes graphiques n’ont pas changé depuis le début des années 2000. Et paradoxalement, la hausse des moyennes saisonnières peut rendre certaines températures visuellement « plus froides » qu’avant : une valeur de 23 °C fin juillet, autrefois en orange, apparaît désormais en bleu.
Une polémique instrumentalisée
Selon une étude du CNRS publiée en 2023, la polémique sur les cartes météo est régulièrement exploitée par des communautés climatosceptiques en ligne. Ces groupes, souvent liés à d’autres discours anti-système, s’appuient sur ce sujet pour semer le doute sur la réalité du changement climatique et décrédibiliser les politiques environnementales.
En résumé
Si les cartes météo paraissent plus rouges qu’avant, ce n’est pas parce que les présentateurs ont changé les couleurs pour impressionner. C’est simplement le reflet d’une réalité climatique : les vagues de chaleur sont plus fortes, les écarts à la moyenne plus marqués, et les cartes traduisent fidèlement ces données. Autrement dit, pas de complot… juste la science et les chiffres.