Mourir debout : le choix de Pierre Cousein, un homme ordinaire pour une fin de vie digne

Le nom de Pierre Cousein ne vous dit peut-être rien. Il n’était pas une célébrité, pas une figure médiatique de premier plan. Et pourtant, son histoire résonne avec force. Cet informaticien lillois de 48 ans a récemment fait le même choix que la chanteuse Nicole Croisille : celui de l’euthanasie, pour mettre un terme à une vie marquée par la maladie, mais également empreinte de lucidité, de tendresse, et de courage.

Le 24 avril 2025, Pierre s’est éteint en Belgique, où l’euthanasie est légale. Il vivait avec la maladie de Parkinson depuis une dizaine d’années. Un stade encore précoce, diraient certains. Mais c’est justement ce qu’il refusait : attendre de perdre son autonomie, sa dignité, son humanité dans un corps déclinant.

Un choix réfléchi, assumé, public

Deux jours avant sa mort, Pierre avait choisi de s’exprimer à la télévision, sur le plateau de l’émission C à vous. Une décision peu commune pour un homme ordinaire. Face aux caméras, il n’a rien caché de ses doutes, de ses douleurs, mais aussi de sa certitude. Il ne s’agissait pas d’un appel au pathos, encore moins d’un acte militant. Il s’agissait de dire la vérité, simplement. La sienne.

« J’ai ouvert un couvercle, et j’ai reçu de l’amour, de l’affection, du soutien », a-t-il confié, la voix posée. Ce « soin ultime », comme il l’appelait, n’était pas une fuite. C’était, selon ses mots, une manière de rester libre jusqu’au bout.

Vivre avant de partir

Ce qui frappe, dans le témoignage de Pierre, c’est la manière dont il a vécu ses dernières semaines. Pas de bucket list extravagante. Pas de voyage autour du monde. Juste des moments simples, partagés avec ceux qu’il aime.

« Je fais les piqûres de tout », plaisantait-il, évoquant les retrouvailles avec des amis, les plats du Nord riches en souvenirs et en gras, les instants de complicité. Loin des restrictions imposées par la maladie, il a choisi de savourer. Parce qu’il savait que chaque bouchée, chaque éclat de rire, chaque accolade comptait.

Une question intime, une réalité collective

Ce choix, Pierre l’a fait pour lui, et pour lui seul. Mais il réveille en chacun de nous une question fondamentale : que ferions-nous si nous savions que la fin est proche ? Attendre que le corps lâche ? Ou partir quand l’esprit est encore là, présent, vibrant, conscient ?

Le débat sur la fin de vie en France est loin d’être clos. L’euthanasie reste interdite sur le territoire, obligeant ceux qui en font le choix à franchir les frontières. C’est le paradoxe cruel d’un pays où la liberté individuelle est une valeur fondamentale, mais où mourir dignement reste parfois un combat.

Deux chemins, une même volonté

Nicole Croisille, chanteuse iconique, s’est éteinte quelques semaines après Pierre. Elle aussi avait choisi l’euthanasie. Deux destins, deux histoires, un même message : il est temps d’écouter, de regarder, de comprendre ces voix qui ne demandent pas la mort, mais la liberté de choisir la manière de partir.

Pierre Cousein n’était pas célèbre. Il n’avait pas de micros tendus à chaque sortie, pas de chansons passées en boucle à la radio. Mais il a touché, par sa sincérité, son courage tranquille, et sa dignité.

Et aujourd’hui, même s’il n’est plus là, son message demeure. Comme une main tendue vers une société en quête de sens et de compassion.

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