Mort de Bun Hay Mean, alias le « Chinois marrant » : l’humour pour survivre, jusqu’au bout

Le monde de l’humour francophone est en deuil. Bun Hay Mean, connu du grand public sous le surnom de « Chinois marrant », est décédé à l’âge de 43 ans ce jeudi matin, à Paris, après une chute mortelle de huit étages. Un drame soudain qui laisse ses fans, ses collègues et le monde du spectacle sous le choc.

Un artiste à l’énergie brute et à l’humour tranchant

Révélé par le Jamel Comedy Club en 2014, Bun Hay Mean s’était rapidement imposé comme une figure incontournable du stand-up. Avec un humour corrosif, de l’improvisation à revendre, et une manière bien à lui de casser les clichés sur les Asiatiques en France, il faisait salle comble partout où il passait. Il portait sur scène une identité hybride — fils d’un père cambodgien et d’une mère chinoise, élevé en France — qu’il transformait en moteur comique et politique.

Son rôle dans le film Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu en 2023 avait encore élargi son public, confirmant que son talent dépassait les planches des comedy clubs.

Une douleur derrière les rires

Mais derrière le rire se cachait une souffrance silencieuse. Ces derniers mois, l’humoriste traversait une période particulièrement difficile. Il avait confié à la presse être en proie à un mal-être profond, une forme de dépression qu’il n’avait pas cherché à dissimuler. Au contraire, il comptait en parler ouvertement dans son dernier spectacle intitulé Kill Bun.

« Je parle de santé mentale. C’est un concentré de nouveaux sketchs et de ce qui m’est arrivé l’été dernier. J’ai eu un coup de mou. C’est une sorte de thérapie finalement. Il faut en rire pour passer à autre chose », expliquait-il dans Nice-Matin.
« Les gens viennent et me disent qu’ils sont aussi passés par là et que j’ai mis des mots sur ce qu’ils ont vécu… »

Un témoignage fort, qui révélait à quel point l’artiste utilisait l’humour non seulement comme un moyen de faire rire, mais aussi comme une arme pour survivre.

Une trajectoire hors des sentiers battus

Avant de faire rire la France entière, Bun Hay Mean était informaticien. Mais l’appel de la scène était trop fort. Il quitte tout, sans filet, pour vivre de sa passion. Il a connu la galère, la précarité, dormant même dans la rue à une époque, avant de rebondir grâce à son talent et sa persévérance. « Je gagnais un peu d’argent, je vivais dans un 9 mètres carrés près de République, mais je me sentais seul et pas reconnu », confiait-il à Télé-Loisirs.

Un spectacle à Montréal qui n’aura pas lieu

Il était attendu ce vendredi à Montréal pour y jouer son one-man-show. Ce rendez-vous n’aura malheureusement pas lieu. Mais son œuvre, sa voix, et son audace resteront gravés dans les mémoires.

Un départ brutal, une prise de conscience nécessaire

La mort de Bun Hay Mean nous rappelle la fragilité de ceux qui, sur scène, font tout pour nous faire rire. Elle met en lumière l’importance de parler, d’écouter, et de briser le tabou autour de la santé mentale, notamment dans les milieux artistiques.

Le « Chinois marrant » n’était pas qu’un comique. C’était un homme sincère, une voix forte, et un miroir tendre et cruel de notre société.


Repose en paix, Bun. Merci pour les rires, les vérités, et ton courage.


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