Arriver en avance au travail est souvent perçu comme un signe de sérieux, d’implication et de professionnalisme. Pourtant, une décision de justice récente en Espagne rappelle que le zèle peut parfois se transformer en faute… jusqu’au licenciement sans indemnités. À Alicante, une salariée d’une entreprise de logistique a perdu son emploi pour être arrivée trop tôt, de façon répétée, malgré des consignes claires de sa hiérarchie.
Une affaire qui interroge sur les limites entre bonne volonté, désobéissance et rupture du lien de confiance.
Une arrivée matinale devenue problématique
L’histoire remonte à la fin de l’année 2023. L’employée concernée devait commencer sa journée de travail à 7 h 30. Pourtant, elle se présentait régulièrement entre 30 et 45 minutes avant l’horaire officiel. Si cette habitude peut sembler anodine, voire louable, elle avait pourtant été explicitement interdite par son employeur.
Après plusieurs rappels verbaux, la direction lui a adressé un avertissement écrit précisant qu’elle ne devait pas entrer dans l’entrepôt avant l’heure prévue. Malgré cela, le mois suivant, elle a continué à pointer en avance à 19 reprises.
Devant la justice : l’argument du surcroît de travail rejeté
À l’audience devant le tribunal social n°3 d’Alicante, la salariée a expliqué qu’elle arrivait plus tôt afin de faire face à une charge de travail qu’elle jugeait importante. Un argument qui n’a pas convaincu les juges.
Selon la décision relayée par la presse locale, ses missions consistaient essentiellement à vérifier des tournées préparées la veille. Aucune tâche ne lui était attribuée avant 7 h 30, et aucun autre salarié ne travaillait à cette heure. Les magistrats ont donc estimé qu’il n’existait aucune justification professionnelle à sa présence anticipée dans l’entrepôt.
Des manquements plus graves que la simple avance
L’affaire ne s’est toutefois pas limitée aux horaires. Le tribunal a également retenu d’autres éléments aggravants. L’employée utilisait l’application mobile de pointage pour enregistrer des heures alors qu’elle avait déjà quitté les lieux, parfois à plusieurs kilomètres du site, alors que son poste ne prévoyait aucun déplacement professionnel.
Ce comportement a été qualifié d’abus de confiance et de déloyauté. À cela s’est ajouté un autre incident : la vente, sans autorisation, d’une batterie usagée provenant d’un véhicule de l’entreprise, récupérée auprès de l’atelier interne puis revendue dans une casse.
Faute grave et licenciement sans indemnités
Pour le tribunal d’Alicante, l’accumulation de ces faits a suffi à caractériser une faute grave justifiant un licenciement disciplinaire sans indemnités. Les juges ont souligné que la salariée avait persisté à enfreindre des consignes claires, malgré les avertissements, compromettant ainsi la relation de confiance indispensable à la poursuite du contrat de travail.
Dans leur décision, ils rappellent que ce n’est pas l’arrivée anticipée en soi qui est sanctionnée, mais bien la désobéissance répétée, associée à des pratiques jugées frauduleuses.
Une décision qui envoie un message clair
Cette affaire illustre une réalité souvent méconnue du monde du travail : même une attitude perçue comme positive peut devenir fautive si elle va à l’encontre des règles fixées par l’employeur. Le respect des horaires ne concerne pas uniquement les retards, mais aussi les arrivées anticipées lorsque celles-ci sont expressément interdites.
Elle rappelle également l’importance du lien de confiance entre employeur et salarié. Une fois celui-ci rompu, même des années de présence ou de bonne volonté apparente ne suffisent plus à protéger un contrat de travail.