Une nouvelle annonce du gouvernement risque de relancer un débat explosif : le vaccin contre la grippe pourrait bientôt devenir obligatoire pour certains publics, notamment les soignants et les résidents d’Ehpad. Une mesure qui, si elle voit le jour, promet déjà de faire grincer des dents.
Une mesure ciblée, mais hautement symbolique
Selon le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, l’exécutif souhaite donner une base légale à d’éventuelles obligations vaccinales ciblées, dont celle contre la grippe. Concrètement, cette obligation ne concernerait pas l’ensemble de la population, mais deux catégories précises :
- Les professionnels de santé, qu’ils exercent à l’hôpital, en Ehpad, en libéral ou dans des structures médico-sociales ;
 - Les résidents d’Ehpad, particulièrement exposés aux formes graves de la grippe.
 
Le texte prévoit que cette obligation serait imposée « sauf contre-indication médicale reconnue », laissant ainsi la porte ouverte à quelques exemptions encadrées.
Une décision qui dépendra de la Haute Autorité de santé
Attention toutefois : l’obligation ne sera pas automatique. Le gouvernement a saisi la Haute Autorité de santé (HAS), qui doit rendre un avis avant toute mise en application. En 2023, la HAS s’était d’ailleurs montrée prudente, expliquant manquer de données suffisantes sur la transmission du virus dans les établissements de soins.
Cette prudence n’est pas nouvelle : l’obligation vaccinale contre la grippe existait déjà avant d’être suspendue en 2006. Plutôt que de simplement lever cette suspension, le gouvernement préfère aujourd’hui inscrire la mesure directement dans la loi, afin de la sécuriser juridiquement.
Un contexte épidémique préoccupant
Cette réflexion intervient alors que la campagne annuelle de vaccination contre la grippe a débuté le 14 octobre. L’hiver dernier, le virus a été particulièrement meurtrier : plus de 17 000 décès sont attribués à la grippe saisonnière, selon les estimations officielles.
Dans ce contexte, les autorités de santé insistent sur l’importance de la double vaccination, contre la grippe et contre le Covid-19, surtout pour les publics fragiles. Pourtant, les chiffres restent faibles : à peine un professionnel de santé sur deux se fait vacciner chaque année, un taux jugé insuffisant pour protéger efficacement les patients.
Un débat encore marqué par le précédent du Covid-19
Si le gouvernement avance avec précaution, c’est parce que le souvenir de la vaccination obligatoire contre le Covid-19 reste vif. Entre 2021 et 2023, cette mesure avait conduit à des suspensions de soignants, provoquant un profond malaise dans les hôpitaux et les Ehpad.
Pour beaucoup, le simple mot “obligation” réveille le traumatisme d’une période perçue comme autoritaire. D’autres estiment, au contraire, qu’il s’agit d’un devoir moral et professionnel de se protéger — et de protéger les plus fragiles.
Une question de santé publique… et de confiance
L’exécutif marche donc sur des œufs. La décision finale dépendra de l’avis de la HAS, mais le signal est clair : la vaccination contre la grippe redevient un sujet politique et sanitaire majeur.
Entre impératif de santé publique et respect de la liberté individuelle, la France s’apprête à rouvrir un débat complexe.
Faut-il rendre la vaccination contre la grippe obligatoire pour protéger les plus vulnérables — ou laisser chacun libre de choisir ?
La réponse, elle, devrait tomber au cours des prochains mois.