À 74 ans, Gérard Jugnot n’a rien perdu de sa verve ni de son franc-parler. Invité de l’émission On refait la télé sur RTL, l’acteur populaire s’est confié sans détour sur un sujet qui touche de nombreux Français : la retraite. Et sa vision, teintée de déception et d’amertume, rappelle que même les figures emblématiques du grand écran ne sont pas épargnées par un système qu’ils jugent parfois injuste.
“Une petite retraite par rapport à ce que j’ai donné”
Gérard Jugnot ne tourne pas autour du pot. Oui, il touche sa retraite. Non, elle ne correspond pas à ce qu’il aurait espéré. « Une petite retraite par rapport à ce que j’ai donné », déclare-t-il avec une pointe d’amertume. L’acteur, qui a marqué plusieurs générations avec ses rôles dans Les Bronzés, Le Père Noël est une ordure ou encore Les Choristes, estime que ses décennies de contribution à la culture et à l’économie françaises ne sont pas justement reconnues dans sa pension.
Les métiers de passion face à la retraite
Malgré son âge, Jugnot n’a pas l’intention de raccrocher. « Il faudra qu’on m’arrête », plaisante-t-il. Comme beaucoup d’artistes, il confie vivre son métier comme une passion, ce qui rend l’idée de retraite difficile à concevoir. « Dans les métiers de passion, la retraite correspond à la retraite de Russie, à la débâcle », dit-il avec cette ironie qui le caractérise.
Il reconnaît néanmoins la légitimité des revendications autour de la réforme : « Je peux comprendre que quelqu’un qui fasse un métier difficile ait envie de s’arrêter ». Mais il avoue ne pas tout saisir du système actuel, notamment le calcul des trimestres ou le débat autour de l’âge légal.
Continuer à travailler… parfois par obligation
« Les persistants », comme il les appelle, sont ces retraités qui continuent de travailler. Certains par choix, d’autres par nécessité. « Souvent, c’est parce que les gens sont obligés », affirme-t-il. Une situation qu’il juge paradoxale, puisqu’au-delà d’un certain âge, les cotisations ne profitent plus à celui qui les verse, mais uniquement au système global. Une manière détournée de souligner le manque de reconnaissance pour les carrières longues.
Le regard des autres et les clichés sur les artistes
L’acteur n’épargne pas non plus les idées reçues sur les comédiens. « Dans ce métier, on gagne bien sa vie, souvent », concède-t-il. Mais cela s’accompagne d’un regard parfois biaisé de la société. « Quand vous êtes au resto, les gens ont toujours tendance à dire : ‘Bah tiens, paye, toi, puisque tu as du pognon !' », déplore-t-il.
Et il ne manque pas de dénoncer un autre travers du milieu artistique : l’avarice. « Il y a des gens vraiment très, très radins. J’en connais, c’est terrible ! Des pinces, il y en a quand même pas mal », confie-t-il, sans langue de bois.
Une prise de parole qui résonne
Le témoignage de Gérard Jugnot rappelle que la retraite est une réalité complexe, même pour les personnalités publiques. Derrière les paillettes, les contrats et la notoriété, il y a aussi des hommes et des femmes qui se questionnent sur la valeur de leur travail et la reconnaissance d’une vie de labeur.
Plus qu’une simple confidence, ses propos soulignent l’importance de réformer un système qui doit rester à la fois juste, compréhensible et humain.