L’hiver 2025-2026 n’a pas attendu janvier pour s’installer dans les services hospitaliers. Depuis début décembre, les urgences françaises constatent une hausse rapide des consultations pour syndrome grippal. En cause, un sous-variant de la grippe A(H3N2), surnommé variant K, qui circule déjà activement en Europe et bouleverse le calendrier habituel de l’épidémie.
Selon Santé publique France, l’activité grippale est en forte augmentation dans toutes les classes d’âge, aussi bien en ville qu’à l’hôpital. Presque toutes les régions sont désormais en phase épidémique, signe d’un démarrage précoce et soutenu.
Une épidémie en avance et plus contagieuse
Les spécialistes observent une dynamique comparable à celle de l’hiver précédent, mais avec plusieurs semaines d’avance. Pour le professeur Bruno Lina, directeur du Centre national de référence des virus respiratoires de Lyon, cette anticipation n’est pas anodine : le variant K semble se transmettre plus facilement que les souches précédentes.
Ce sous-variant, issu du virus A(H3N2), circule déjà largement au Royaume-Uni et en Espagne. En France, les virologues s’attendent à ce qu’il devienne dominant dans les semaines à venir. Le médecin urgentiste Gérald Kierzek souligne qu’il ne serait pas plus virulent en soi, mais qu’il se propage beaucoup plus vite, ce qui explique la pression précoce sur les hôpitaux.
Les 3 symptômes clés du variant K
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, le variant K ne provoque pas de symptômes totalement nouveaux. Il donne un tableau grippal classique, mais avec une particularité marquante : l’apparition très brutale de trois signes majeurs.
Les médecins décrivent un scénario fréquent chez les patients jusque-là en bonne santé :
- Une fièvre élevée, souvent supérieure à 39 °C, accompagnée de frissons intenses
- Des courbatures musculaires diffuses, parfois très douloureuses, touchant l’ensemble du corps
- Une fatigue écrasante, qui cloue au lit et rend les gestes du quotidien difficiles
Lorsque ces trois symptômes surviennent presque simultanément, le diagnostic de grippe liée au variant K est fortement suspecté. D’autres signes peuvent s’y ajouter : toux sèche, maux de tête, gorge irritée, écoulement nasal ou yeux rouges. Les jours 2 et 3 sont généralement les plus pénibles, avec un pic symptomatique durant 48 à 72 heures.
C’est aussi durant cette phase initiale que la contagiosité est la plus forte.
Pourquoi le variant K se propage si vite
Les scientifiques ont identifié plusieurs mutations qui permettraient au virus d’entrer plus facilement dans les cellules respiratoires. Résultat : une transmission accrue et un démarrage d’épidémie très rapide.
Cette capacité de diffusion relance également le débat autour de l’efficacité vaccinale. La virologue Marie-Anne Rameix-Welti rappelle que la composition du vaccin antigrippal est décidée plusieurs mois à l’avance, avant l’émergence de ce sous-variant. Une protection légèrement diminuée est donc possible, sans pour autant la rendre inutile.
Vaccination et gestes barrières : toujours essentiels
Malgré ces incertitudes, les professionnels de santé insistent : la vaccination reste un outil clé, notamment pour réduire les formes graves et les hospitalisations chez les personnes âgées ou fragiles. Deux vaccins renforcés destinés aux seniors ont d’ailleurs été introduits cette saison.
En complément, les gestes barrières retrouvent toute leur importance :
- lavage fréquent des mains
- aération régulière des espaces clos
- port du masque en cas de symptômes ou auprès de personnes vulnérables
- limitation des contacts rapprochés dès l’apparition des premiers signes
Repérer rapidement les trois signaux brutaux du variant K permet non seulement de se protéger, mais aussi de limiter la transmission à l’entourage.
Ce qu’il faut retenir
Le variant K de la grippe ne crée pas une nouvelle maladie, mais il change le rythme et l’intensité de l’épidémie hivernale. Sa contagiosité élevée, associée à une apparition soudaine des symptômes, explique la saturation rapide des urgences. Dans ce contexte, vigilance, isolement précoce et prévention restent les meilleurs moyens d’éviter les complications, surtout chez les plus fragiles.