Le cancer du sein reste le plus fréquent chez la femme, avec plus de 60 000 nouveaux cas chaque année en France. Si les progrès médicaux ont permis d’améliorer considérablement les chances de survie, un défi majeur demeure : la récidive. Environ 15 à 20 % des femmes concernées voient leur cancer réapparaître dans les dix ans suivant le premier diagnostic. Mais une découverte récente pourrait bien changer la donne.
Un test sanguin révolutionnaire
Présentées lors du Congrès annuel d’oncologie à Chicago, les recherches menées par l’Institut de recherche sur le cancer de Londres ouvrent une voie prometteuse. Les scientifiques ont mis au point un test sanguin ultra-sensible capable de détecter les traces d’ADN tumoral dans le sang, bien avant qu’une nouvelle tumeur ne soit visible à l’imagerie médicale.
Les essais réalisés sur 78 patientes atteintes de cancers du sein précoces ont révélé des résultats impressionnants : le test a permis de prédire la récidive avec une précision de 100 %. Parmi les participantes, les 11 femmes dont le test a détecté la présence d’ADN tumoral ont toutes connu une rechute dans les années suivantes. Les autres, en revanche, sont restées en rémission.
Comprendre les causes de la rechute
Pourquoi certaines femmes rechutent-elles et d’autres non ?
Selon le Dr Paul Cottu, chef adjoint du département d’oncologie médicale à l’Institut Curie, la rechute peut s’expliquer par trois mécanismes :
- Une résistance initiale de certaines cellules cancéreuses au traitement.
- Une phase de dormance, durant laquelle ces cellules persistent sans se multiplier.
- Une phase d’expansion, où les cellules dormantes reprennent leur croissance.
La probabilité de récidive dépend aussi de plusieurs facteurs : la taille de la tumeur initiale, la présence ou non d’atteintes ganglionnaires et la qualité du traitement reçu. Plus la prise en charge initiale est complète, plus le risque diminue.
Un risque constant dans le temps
Les rechutes peuvent survenir à tout moment, bien qu’un pic soit observé dans les deux premières années suivant les traitements. En moyenne, le taux de récidive est compris entre 0,5 et 1 % par an. Certaines femmes peuvent malheureusement rechuter jusqu’à vingt-cinq ans après leur première guérison, ce qui souligne l’importance d’un suivi à long terme.
Prévenir la récidive : agir sur les facteurs de risque
En complément de la surveillance médicale, plusieurs habitudes de vie peuvent aider à réduire les risques :
- Arrêter le tabac et limiter l’alcool, deux facteurs aggravants bien connus.
- Maintenir un poids santé, car le surpoids augmente le risque de rechute.
- Pratiquer une activité physique régulière, dont les bénéfices sont désormais scientifiquement prouvés. Selon l’Institut Curie, le sport pourrait réduire de 24 % le risque de récidive pour les cancers localisés.
Soutenir les femmes dans leur parcours
La peur de la récidive est une épreuve psychologique à part entière. Pour y faire face, les patientes peuvent bénéficier d’un accompagnement global : consultations de psycho-oncologie, techniques de relaxation, auto-hypnose ou encore EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires). Ces approches aident à apaiser l’anxiété et à renforcer la confiance dans le processus de guérison.
En résumé, ce nouveau test sanguin représente une avancée majeure dans la lutte contre le cancer du sein. En permettant de détecter la récidive plusieurs années avant qu’elle ne soit visible, il ouvre la voie à une surveillance plus fine et à des traitements mieux adaptés, renforçant l’espoir d’une victoire durable contre la maladie.