Ce terme fait spontanément penser à un régime alimentaire frugal. Raccourci réducteur. Découvrez la philosophie et le mode de vie qui l’accompagnent
Macrobiotique. Voilà un mot galvaudé, dont on ne sait plus très bien ce qu’il veut dire. On pense à un régime alimentaire tristounet, composé de grandes feuilles et de petites graines. Caricature! En fait, la macrobiotique dépasse largement le cadre de l’assiette.
Il s’agirait même d’un état d’esprit, d’une envie de rechercher une vie plus épanouie et de s’équilibrer par rapport à son environnement. Comme son nom l’indique: macro signifie grand et biotique veut dire vie. Autrement dit: vivre en grand. Comment? En triant le contenu de son assiette et en faisant du mouvement.
Côté cuisine, la macrobiotique reconnaît l’homme omnivore tout en lorgnant très fortement vers le végétarisme. Un diagnostic basé sur la constitution de l’être humain: «L’homme a un intestin très long, donc peu adapté à l’absorption de viandes, lesquelles se putréfient très rapidement. Les carnivores, eux, ont un intestin beaucoup plus court», précise François Gisel, naturopathe et responsable d’un centre de macrobiotique à Genève. Pareil pour les dents: avec quatre canines pour déchirer, huit incisives pour croquer et vingt molaires pour broyer, un repas devrait donc se composer principalement de céréales, d’un quart d’aliments végétaux et d’un huitième de viande ou de poisson.
La macrobiotique serait donc l’art de combiner sciemment la nourriture? «En partant de l’idée que les aliments ont une énergie propre, et qu’ils nous la transmettent quand on les mange, le tout est de savoir équilibrer ces énergies», explique François Gisel. Certains aliments auraient un effet dilatateur ou expansif dans notre corps, alors que d’autres seraient plutôt denses et resserrants. Voilà présentées les deux tendances du yin et du yang.
Mais comment savoir à quelle catégorie appartiennent les végétaux? «Il suffit de regarder comment ils poussent. Une carotte qui descend dans la terre reçoit beaucoup d’énergie centripète, elle sera donc plutôt yang. Alors qu’une côte de bette avec ses longues feuilles qui montent vigoureusement contre le ciel sera plutôt expansive, donc yin.» Le tout est donc de marier le yin et le yang pour trouver un équilibre au centre et éviter les extrêmes, qu’ils soient physiques, psychiques ou émotionnels.
Mais il ne suffit pas de se composer une bolée tonique, encore faut-il suivre le rythme des saisons. Rien ne sert de se gaver de fruits exotiques en plein hiver. Mieux vaut croquer une pomme de garde ou grignoter un sachet de raisins secs: «Les fruits exotiques nous équilibrent à un environnement plus chaud, qui n’est pas le nôtre. En fait, ils nous rafraîchissent et nous rendent plus vulnérables au froid», assène François Gisel.
Une fois la révolution de l’assiette effectuée, reste à entreprendre celle du corps. Par des méthodes douces et faciles à faire chez soi, comme le do-in (exercices de respiration et d’étirement), le shiatsu ou le yoga.
Au fond, l’enseignement de la macrobiotique ne vise rien d’autre que cela: replacer l’homme dans son environnement, entre ciel et terre, pour une vie plus intense, plus longue et en bonne santé.
Bon appétit !
Un repas macrobiotique se composera, en entrée, d’un bouillon chaud avec algues et verdures. Rien de tel pour préparer le terrain et le système digestif. Dans l’assiette proprement dite, vous trouverez des céréales (orge, avoine, épeautre), des légumes, racines et feuilles apprêtés de différentes manières (vapeur, sautés, crus). Il y aura également des légumineuses pour les protéines, lesquelles pourront être parsemées de quelques algues, riches en sels minéraux. Pour tous condiments, rabattez-vous sur les graines germées et les légumes lacto-fermentés. Et pour le dessert, vous reprendrez bien un peu de mousse de betteraves?