Dans un monde où les inégalités de genre persistent, un mouvement radical prend de l’ampleur : le 4B Movement. Né en Corée du Sud au milieu des années 2010, ce mouvement féministe repose sur quatre principes fondamentaux : pas de relations amoureuses, pas de relations sexuelles avec les hommes, pas de mariage et pas d’enfants. Une initiative qui vise à dénoncer les discriminations systémiques et à se libérer des attentes patriarcales.
L’origine du mouvement 4B
Le 4B Movement est né dans un contexte où les femmes sud-coréennes subissent de lourdes inégalités économiques et sociales. Selon l’OCDE, elles gagnent 29 % de moins que les hommes et effectuent 3,5 fois plus de tâches domestiques. En parallèle, une vague de cybercrimes et de violences sexuelles, notamment la diffusion illégale de vidéos intimes, a poussé de nombreuses femmes à prendre des mesures drastiques.
Le nom « 4B » vient des quatre interdictions qui commencent par « Bi » en coréen :
- Bisekeu (비섹스) : Pas de sexe avec les hommes
- Bichulsan (비출산) : Pas d’accouchements
- Biyeonae (비연애) : Pas de rendez-vous amoureux
- Bihon (비혼) : Pas de mariage
Plutôt qu’un simple rejet des hommes, il s’agit d’un boycott d’un système social oppressif qui prive les femmes de leur autonomie et les cantonne à des rôles traditionnels.
Un phénomène qui dépasse la Corée
Ce mouvement, initialement marginal, a gagné du terrain bien au-delà de l’Asie. Aux États-Unis, il connaît un regain d’intérêt, notamment après l’élection de Donald Trump. La question des droits des femmes et de la santé reproductive est devenue centrale dans les débats politiques, incitant certaines Américaines à adopter cette approche radicale.
Des témoignages circulent sur les réseaux sociaux, illustrant une frustration croissante face aux inégalités persistantes. Une utilisatrice de X (anciennement Twitter) résume ce sentiment en déclarant : « C’est le bon moment pour lancer le mouvement 4B, pour que la solitude des hommes devienne une épidémie, puisqu’ils détestent tellement les femmes. »
Une réaction à une société inégalitaire
Derrière cette apparente radicalité, le 4B Movement met en lumière une réalité préoccupante : de nombreuses femmes ne se sentent pas en sécurité dans leur propre société. Le choix de renoncer aux relations hétérosexuelles ne relève pas uniquement d’une préférence personnelle, mais aussi d’un mécanisme de défense contre un système qui ne leur garantit ni justice ni égalité.
Certaines militantes encouragent ainsi des gestes symboliques comme se raser la tête pour s’affranchir des standards de beauté imposés ou encore adopter des méthodes contraceptives durables pour garantir leur autonomie reproductive en cas de régression des droits.
Vers un changement de paradigme ?
Le 4B Movement est loin de faire l’unanimité, y compris parmi les féministes. Certains critiquent son approche radicale et son rejet des relations hétérosexuelles, y voyant un risque de division entre les genres. D’autres y voient une prise de conscience nécessaire pour amorcer un réel changement dans la manière dont les sociétés traitent les femmes.
Si ce mouvement reste minoritaire, il met en évidence une chose : de plus en plus de femmes refusent de se conformer à des normes qui ne leur conviennent pas. Qu’il s’agisse du 4B ou d’autres formes d’émancipation, le message est clair : les femmes exigent une société plus juste et égalitaire.
La question reste ouverte : jusqu’où ce mouvement peut-il aller et quels impacts aura-t-il sur les dynamiques sociales et économiques à long terme ?