Le 14 juillet 2025, l’homme en noir a tiré sa révérence. Thierry Ardisson, figure iconique du paysage audiovisuel français, est décédé à l’âge de 76 ans des suites d’un cancer du foie. Jusqu’à son dernier souffle, il aura été fidèle à lui-même : libre, élégant, et maître de sa mise en scène. Car Ardisson, même face à la mort, n’a rien laissé au hasard.
Une mort assumée, pensée, presque scénarisée
Un mois à peine avant sa disparition, il promouvait encore son livre L’Homme en noir, dans lequel il abordait sans détour sa propre fin. Lucide, sans pathos ni détours. « Quand je sentirai la mort approcher, j’écrirai tout », confiait-il alors dans Le Point. Ce « tout », Thierry Ardisson l’avait déjà en tête : la musique, les invités, l’ambiance. Il voulait un enterrement à son image, entre solennité, esthétisme et provocation douce.
Une cérémonie comme un dernier épisode
Dans l’interview, il annonçait vouloir « encens, enfants de chœur », mais aussi une playlist soigneusement choisie. Lazarus de David Bowie, In My Life des Beatles, repris par Sean Connery. Le choix n’a rien d’anodin : deux figures mythiques, deux hommes qui, comme lui, ont su imposer leur style au monde, quitte à rester en marge. Car Ardisson l’avouait sans détour : « J’ai toujours été un mouton noir. » Et il n’en était pas moins fier.
Un homme de contrastes, fidèle à ses paradoxes
Thierry Ardisson n’a jamais cherché à plaire à tout le monde. Il assumait ses excès, ses fulgurances, son goût pour la provocation. Il n’était pas du genre à demander pardon ni à s’adoucir avec le temps. Mais s’il n’a jamais présenté d’excuses publiques pour ses zones d’ombre, il a su reconnaître, en privé, les liens essentiels de sa vie. Il souhaitait que ses trois épouses soient présentes à ses obsèques, aux côtés de sa fille, Ninon, et de ses proches. Une manière pudique de dire l’amour à sa façon : sans emphase, mais sincère.
Une dernière mise en scène, à l’image d’un homme libre
Ceux qui l’ont côtoyé le savent : Thierry Ardisson ne laissait rien au hasard. Il avait scénarisé sa carrière comme un chef d’orchestre, alternant talk-shows cultes (Tout le monde en parle, Salut les Terriens) et projets atypiques (Hôtel du Temps). Il voulait tout maîtriser : le cadre, le montage, la narration. Même son dernier adieu portait sa signature : un moment pensé, voulu, assumé.
Une voix qui s’éteint, un style qui reste
Avec lui disparaît une certaine idée de la télévision : impertinente, curieuse, parfois dérangeante, mais toujours vivante. Thierry Ardisson aura su imposer un ton, un regard, une silhouette noire que rien n’a jamais vraiment ternie. Il n’avait pas peur de la mort. Il y pensait, il l’anticipait, il l’embrassait même comme un ultime rendez-vous.
Et maintenant que le rideau est tombé, il nous laisse face à son silence. Un silence plein de sens, à l’image de l’homme qu’il était. Provocateur, mais profondément humain.