Sur Vinted, plateforme bien connue des amateurs de seconde main, une simple recherche suffit pour tomber sur une multitude de robes de mariée. Si beaucoup sont décrites comme « portées une seule fois », un détail intrigue de plus en plus d’internautes : certaines robes sont étiquetées « jamais portées ». Comment expliquer qu’autant de robes blanches flambant neuves n’aient jamais foulé le sol d’une cérémonie ?
Le rêve suspendu par le Covid
L’une des raisons les plus fréquentes est aussi l’une des plus évidentes : la pandémie. Entre 2020 et 2022, de nombreux mariages ont été annulés, repoussés ou radicalement simplifiés à cause des confinements successifs et des restrictions sanitaires.
Lisa, une jeune Autrichienne, témoigne : « Nous avions prévu un mariage aux Maldives en 2020. Avec la pandémie, tout est tombé à l’eau. Deux ans plus tard, j’ai simplement eu envie d’une autre robe ». Même scénario pour Kaat, aux Pays-Bas : « Finalement, on s’est mariés à la maison, juste entre proches. Ma grande robe n’avait plus sa place dans un événement aussi intime. »
Des robes venues de nulle part… ou presque
Mais ce n’est pas la seule explication. Certaines robes sont issues de situations insolites. Colis perdus, dons imprévus, récupérations hasardeuses : tout peut arriver dans le monde de la seconde main.
Sylvie, dans le nord de la France, affirme avoir mis la main sur un carton entier de colis non réclamés en provenance d’Espagne : « Il était censé être livré à une adresse introuvable. J’ai récupéré cette robe dedans. » D’autres, comme Maria en Espagne, ont reçu des robes gratuites trouvées sur des sites de dons, sans jamais vraiment avoir l’occasion de les porter.
Modèles d’exposition et fins de série
Le marché de la robe de mariée connaît aussi sa part de recyclage professionnel. Des robes issues des vitrines de magasins ou des modèles d’essayage invendus se retrouvent ainsi à prix cassé sur les plateformes. Verena, en Allemagne, a acheté une robe d’exposition en magasin qu’elle revend aujourd’hui pour 250 euros.
Ce recyclage est aussi pratiqué par les boutiques physiques spécialisées. À Paris, le dépôt-vente Fortunée, installé dans le 11e arrondissement, fait le lien entre créateurs, couturières et anciennes mariées souhaitant revendre leur tenue. « On récupère les modèles d’essayage des années précédentes ou on travaille avec des tissus de fin de série », explique Marion, gérante de la boutique depuis 2020.
La nouvelle vie des robes oubliées
L’essor des plateformes comme Vinted bouleverse le marché traditionnel de la robe de mariée. Jadis perçue comme une pièce unique et symbolique, elle devient aujourd’hui un objet plus flexible, réutilisable, parfois même acheté sans projet de mariage immédiat. Que ce soit par souci économique, écologique, ou simple hasard du destin, ces robes « jamais portées » trouvent une seconde chance… même sans cérémonie.