En France comme à l’étranger, la lutte contre la fraude sociale s’intensifie. Grâce à des moyens de contrôle de plus en plus performants, les autorités parviennent aujourd’hui à débusquer des abus qui, autrefois, passaient inaperçus. L’histoire récente de Sara Morris, une quinquagénaire britannique, illustre parfaitement cette réalité.
Une allocation pour handicap sévère… et des courses à pied
Diagnostiquée en 2005 d’une sclérose en plaques, Sara Morris percevait depuis plusieurs années une allocation pour « handicap sévère ». En 2020, lors d’une visite médicale, elle avait déclaré être incapable de rester debout pour cuisiner ou même de sortir seule de sa salle de bains. Ces déclarations lui avaient permis d’obtenir une aide mensuelle de 2 292 livres sterling, soit environ 2 700 euros.
Mais derrière ce profil médical très dégradé se cachait une réalité bien différente. Membre active d’un club de course à pied, cette allocataire participait régulièrement à des compétitions de 5 et 10 kilomètres. Entre 2019 et 2022, elle a publié pas moins de 73 photos sur Facebook, la montrant en pleine activité sportive.
Les réseaux sociaux : un outil de détection inattendu
C’est justement en consultant sa page Facebook que les autorités ont commencé à douter de la véracité de ses déclarations. Une enquête discrète a été ouverte en 2023. Les enquêteurs ont filmé Sara Morris en train de courir, confirmant ainsi les soupçons.
En juillet 2024, elle a été condamnée à huit mois de prison pour fausse déclaration. Elle a tenté de se justifier en affirmant que son état de santé s’était amélioré depuis sa demande initiale, et que la course à pied l’aidait à mieux vivre sa maladie. Des explications qui n’ont pas suffi à convaincre la justice.
Une condamnation sévère mais exemplaire
Sur les 60 000 livres sterling qu’elle a perçues au total (environ 71 000 euros), 20 500 livres lui ont été versées à tort selon les autorités. Elle a désormais 28 jours pour rembourser cette somme, faute de quoi elle risque neuf mois de prison supplémentaires.
Une vigilance renforcée en France aussi
En France, la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) a elle aussi renforcé ses contrôles. Selon son directeur, Nicolas Grivel, les fraudes détectées ont augmenté de 20 % en 2024. Ce chiffre ne signifie pas nécessairement que les fraudes augmentent, mais plutôt que les moyens de détection sont plus efficaces.
Les fraudes les plus courantes concernent des situations individuelles : des déclarations de revenus incomplètes, des statuts familiaux dissimulés, ou encore des bénéficiaires qui ne déclarent pas vivre en couple. Bien que la fraude sociale reste marginale — estimée à moins de 3 % des montants versés — elle représente un manque à gagner important.
Une leçon pour tous : prudence et transparence
L’affaire de Sara Morris rappelle que l’honnêteté est essentielle, surtout lorsqu’il s’agit de prestations sociales. Les outils numériques, qui permettent à chacun de partager sa vie avec son entourage, peuvent aussi devenir une source précieuse d’information pour les autorités de contrôle.
Dans un contexte économique tendu, la lutte contre la fraude est une priorité pour garantir que les aides soient distribuées équitablement à ceux qui en ont réellement besoin.