Chaque matin, c’était le même rituel. À 94 ans, ce retraité andalou retrouvait son bar habituel pour savourer son café et sa tartine. Une habitude simple, presque rassurante, devenue au fil des années un repère quotidien. Mais derrière cette routine anodine se cachait une arnaque d’une ampleur insoupçonnée.
Un rituel de confiance transformé en escroquerie
Dans une petite ville d’Andalousie, le nonagénaire faisait confiance au gérant de son bar, un homme de 57 ans qu’il côtoyait depuis longtemps. À chaque commande, le patron expliquait que le terminal de paiement fonctionnait mal à l’extérieur, demandant donc à son client de lui confier sa carte bancaire pour aller « régler à l’intérieur ». Rien d’alarmant, pensait le vieil homme.
Pourtant, derrière ce geste de confiance, le restaurateur avait mis en place une supercherie méthodique. Au lieu de débiter le montant réel du café, il ajoutait des sommes bien plus élevées. Au début, quelques euros de plus, puis des montants extravagants : jusqu’à 450 euros pour un simple petit-déjeuner.
Deux ans de vols invisibles
Entre juin 2023 et juin 2025, cette fraude discrète a permis au gérant d’encaisser plus de 22 000 euros. Le client, peu attentif à ses relevés bancaires, n’a rien remarqué pendant des mois. Ce sont finalement ses proches, intrigués par les mouvements inhabituels sur son compte, qui ont alerté les autorités.
L’enquête a rapidement révélé la fraude, et le patron du bar a été condamné à un an et quatre mois de prison. Un choc pour ce client fidèle, trahi là où il se sentait le plus en confiance.
Le « bill padding » : une arnaque bien plus répandue
Si cette histoire a de quoi surprendre, elle illustre une pratique malheureusement courante dans la restauration : le « bill padding ». Cette technique consiste à gonfler discrètement l’addition, en ajoutant des produits non commandés ou des frais injustifiés. Elle profite souvent de l’inattention des clients, notamment dans les zones touristiques où les consommateurs sont pressés et peu enclins à vérifier les détails de leur note.
Certains établissements n’hésitent pas à inclure des frais de service non annoncés, alors même que la loi est claire : les prix affichés doivent comprendre taxes et service, avec la mention « prix service compris ». Une obligation pourtant souvent oubliée quand cela profite au commerçant.
Quand la confiance devient une faiblesse
Dans les bars de quartier comme dans les restaurants plus fréquentés, la confiance du client est parfois mise à rude épreuve. De nombreux témoignages sur la plateforme Signal Conso évoquent des facturations abusives, des plats ajoutés à l’addition ou des refus de correction de note.
Un consommateur raconte : « Lors d’un repas, j’ai constaté qu’ils m’avaient facturé des plats que je n’avais pas commandés. Malgré mes remarques, le serveur a refusé de modifier la facture. »
Grâce à ces signalements, la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) peut enquêter et rappeler les établissements à l’ordre. Mais pour éviter d’en arriver là, un simple réflexe suffit : toujours vérifier le ticket avant de payer.
Une leçon amère
Cette affaire andalouse rappelle à quel point la confiance, aussi sincère soit-elle, peut devenir une porte ouverte à la malveillance. Derrière un simple café partagé se cachait une arnaque minutieuse, qui a coûté cher à un homme vulnérable.
Vérifier ses relevés, contrôler ses paiements, ne jamais confier sa carte bancaire : des gestes simples, mais essentiels, pour ne pas voir un café du matin se transformer en facture à quatre chiffres.