4 heures et 24 minutes. C’est le nombre d’heures de sommeil qu’une jeune maman parvient à cumuler chaque nuit, en moyenne, dans la semaine qui suit la naissance de son enfant. À peine le temps de reposer son corps, encore moins de recharger son esprit.
Et pourtant, c’est dans ce quotidien bouleversé, entre les tétées nocturnes, les pleurs inconsolables et les hormones en pleine révolution, que commence l’aventure de la maternité.
Une étude récente menée par le Rush University Medical Center à Chicago vient lever le voile sur une réalité bien connue des jeunes parents, mais encore trop souvent minimisée : le sommeil est la première victime du post-partum.
Une chute brutale du sommeil après l’accouchement
Pendant deux ans, des chercheurs ont suivi 41 femmes, âgées de 26 à 43 ans, un an avant puis un an après l’accouchement. Grâce à des appareils connectés, ils ont pu analyser avec précision la durée et la qualité du sommeil de ces mères.
Les résultats, présentés à la conférence SLEEP 2025, sont sans appel :
- Première semaine post-accouchement : 4,4 heures de sommeil par nuit, avec des séquences fragmentées de 2 heures ou moins.
- Semaines 2 à 7 : 6,7 heures par nuit, mais seulement 3,2 heures consécutives en moyenne.
- Semaines 8 à 13 : 7,3 heures par nuit, mais les réveils nocturnes persistent, limitant le sommeil ininterrompu à 4,1 heures.
Et dans un tiers des cas, les mères étudiées ont vécu des périodes de 24 heures sans aucun sommeil. Inimaginable, et pourtant bien réel.
Quand le sommeil profond devient un luxe
Ce n’est pas seulement la quantité de sommeil qui est réduite. C’est la structure même du sommeil qui s’effondre. Privé de cycles complets, le corps n’accède plus suffisamment aux phases de sommeil profond, indispensables à la récupération physique et mentale.
Les conséquences ne tardent pas : fatigue chronique, irritabilité, troubles de la concentration, voire dépression post-partum.
« La perte de sommeil ininterrompu est ce que nous avons observé de plus spectaculaire », déclare la Pr Teresa Lillis, autrice principale de l’étude.
Repenser l’accompagnement des jeunes mères
Face à cette réalité, un changement de discours et de pratiques s’impose. Il ne suffit plus de dire à une maman épuisée « dors quand bébé dort ». Car non, il ne s’agit pas seulement de « dormir plus », mais de pouvoir dormir mieux, sans interruption constante.
Les chercheurs appellent ainsi à une prise en charge plus active du post-partum : soutien familial, temps de repos planifiés, relais avec le co-parent ou des proches, meilleure information médicale… tout ce qui peut permettre aux mères de retrouver, ne serait-ce que quelques heures de sommeil réparateur.
Et les pères dans tout ça ?
L’étude se concentre sur les femmes, mais des recherches complémentaires montrent que les pères perdent eux aussi du sommeil – bien que dans une moindre mesure. La raison ? La charge mentale et le soin quotidien au nourrisson restent encore très genrés dans la majorité des foyers.
Une société à éveiller, pas seulement des bébés
La maternité ne devrait pas rimer avec épuisement. Ce que vivent les jeunes mères est intense, puissant, mais parfois douloureusement solitaire. En tant que société, nous avons le devoir de mieux les accompagner, les soutenir, les écouter.
Et de leur rappeler une chose essentielle :
non, elles ne sont pas seules. Et oui, elles ont le droit d’être fatiguées.