Pendant vingt ans, Shawn K. a mené une vie confortable. Ingénieur logiciel expérimenté, il touchait près de 11 000 euros par mois et travaillait sur des projets technologiques de pointe dans le domaine du métavers. Mais en l’espace de quelques mois, son monde s’est effondré. Son employeur a choisi de le remplacer… par une intelligence artificielle.
Une carrière brillante stoppée net
Basé aux États-Unis, Shawn faisait partie de ces professionnels aguerris qui ont accompagné l’essor du numérique depuis les années 2000. Expert en développement logiciel, il cumulait les succès et menait une vie stable. Jusqu’à ce qu’un matin d’avril 2024, il reçoive un message glaçant de sa direction : son poste est supprimé, son travail désormais assuré par un algorithme.
Aucun reproche sur ses performances, aucune faute professionnelle. Simplement, une IA capable de coder en quelques secondes là où un humain mettait des heures. Une révolution brutale, vécue comme une trahison par cet homme passionné d’informatique.
« Ce n’est pas que je ne valais plus rien, c’est juste que je coûtai plus cher qu’une machine », confie-t-il amèrement.
L’intelligence artificielle : alliée ou menace pour l’emploi ?
Depuis l’explosion des outils comme ChatGPT, Copilot ou Claude, la question n’a jamais été aussi pressante : jusqu’où l’intelligence artificielle remplacera-t-elle les humains ?
De la rédaction d’e-mails à la création de lignes de code complexes, les IA bouleversent la productivité. Pour beaucoup d’entreprises, elles représentent une aubaine. Pour les salariés, une angoisse grandissante.
Shawn fait partie des premiers à en payer le prix. Malgré plus de 800 candidatures envoyées, il n’a pas retrouvé d’emploi stable. « Dans certains entretiens, je parlais même à des chatbots ! », raconte-t-il. Ironie du sort : l’intelligence artificielle contrôle désormais aussi le recrutement.
De la Silicon Valley à la rue
Privé de revenus, Shawn a dû vendre ses biens pour survivre. Il vit aujourd’hui dans une caravane, effectue des petits boulots et tente de s’adapter à une réalité qu’il n’aurait jamais imaginée. Pourtant, il ne rejette pas la technologie elle-même.
« L’IA est un outil formidable. Ce que je dénonce, c’est la manière dont les entreprises s’en servent : comme un prétexte pour licencier sans repenser le travail », explique-t-il.
Son histoire illustre une fracture grandissante entre le progrès technologique et la réalité sociale. Derrière les prouesses de l’IA, se cachent des milliers d’employés menacés de déclassement.
Un futur à repenser
Des experts comme Dario Amodei, PDG d’Anthropic, estiment que d’ici quelques années, 90 % du code informatique pourrait être généré par des IA. Mark Zuckerberg, lui, y voit une opportunité sans précédent pour la productivité mondiale.
Mais pour des travailleurs comme Shawn, cela sonne comme un avertissement : l’ère de la machine a déjà commencé, et tout le monde ne sera pas prêt à la traverser.