Le climat social s’échauffe à la veille du mercredi 10 septembre. Le collectif citoyen « Bloquons tout » appelle à une mobilisation nationale, avec des actions spectaculaires pour dénoncer la baisse du pouvoir d’achat et la crise politique qui secoue le pays. Parmi ces actions, une initiative fait particulièrement polémique : l’opération « chariot gratuit ».
En quoi consiste l’opération « chariot gratuit » ?
Le principe est simple… et explosif : remplir un caddie dans une grande surface, puis quitter le magasin sans passer par la caisse. Présentée par ses initiateurs comme un acte de désobéissance civile, cette opération entend frapper directement les grandes enseignes au portefeuille, tout en symbolisant la difficulté croissante des Français à subvenir à leurs besoins.
Pour certains, c’est une réponse radicale à la vie chère. Pour d’autres, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un appel au vol.
Entre soutien politique et condamnation ferme
L’initiative divise profondément.
- Côté soutien, certains responsables politiques de gauche, comme Manuel Bompard (LFI), estiment qu’il s’agit d’une action pacifique, au même titre que d’autres formes de désobéissance civile.
- Côté opposition, les distributeurs montent au créneau. Thierry Cotillard, président d’Intermarché, ne mâche pas ses mots : « Rentrer dans un supermarché et sortir sans payer, ça s’appelle du vol. »
Face à la menace, les enseignes se préparent. Intermarché a même conseillé à ses magasins de stocker plusieurs jours de produits à l’avance, redoutant des rayons vides et des incidents.
Un contexte politique explosif
Si cette action attire tant d’attention, c’est aussi parce qu’elle intervient dans un climat tendu. Après la démission du gouvernement Bayrou, la défiance envers le pouvoir s’accroît. Le mouvement « Bloquons tout » rassemble des revendications multiples :
- défense du pouvoir d’achat,
- opposition au budget Bayrou,
- demande d’un référendum d’initiative citoyenne,
- rejet global d’un système jugé injuste.
Un cocktail qui rappelle, pour certains observateurs, l’émergence des Gilets jaunes.
Pourquoi cette action inquiète-t-elle autant ?
L’opération « chariot gratuit » touche à un geste universel : faire ses courses. Contrairement aux blocages de routes ou de gares, cette action s’inscrit dans le quotidien de millions de Français et pourrait provoquer des images marquantes, reprises partout sur les réseaux sociaux.
Pour les enseignes, le risque est double :
- Des pertes financières directes liées aux caddies « gratuits ».
- Une atteinte à leur image, si elles apparaissent comme répressives face à des clients en colère.
Vers une nouvelle vague de contestation sociale ?
Difficile de prévoir l’ampleur réelle de ce mouvement. Certains redoutent une convergence des colères qui pourrait relancer une mobilisation comparable à celle des Gilets jaunes. D’autres pensent que cette initiative restera marginale et symbolique.
Quoi qu’il en soit, l’opération « chariot gratuit » agit déjà comme un révélateur d’une fracture sociale profonde : d’un côté, des citoyens qui n’arrivent plus à suivre la hausse des prix, de l’autre, des distributeurs qui craignent de voir leur modèle fragilisé.
En résumé : derrière la polémique du « chariot gratuit », c’est bien la question du pouvoir d’achat et de la colère sociale qui se joue. Le 10 septembre pourrait marquer un tournant : simple coup d’éclat… ou début d’un nouveau bras de fer entre citoyens et grandes enseignes.