Traitement de longue haleine, la désensibilisation peut venir à bout d’une allergie au pollen ou, pour le moins, en atténuer fortement les effets
Entre février et juillet, les pollens vivent leur vie et gâchent celle des nombreux abonnés au rhume des foins…
Seul traitement curatif disponible, la désensibilisation affiche un taux de succès d’environ 70%, avec des réponses variables: certains chanceux voient leurs symptômes disparaître à jamais, alors que d’autres notent une amélioration plus ou moins importante.
Si la majorité des « désensibilisés » vont aller mieux, ils devront le plus souvent continuer à prendre des médicaments symptomatiques (antihistaminiques, corticostéroïdes) selon la charge pollinique de l’air.
L’identification précise du ou des pollens responsables de l’allergie constitue un facteur clef pour la réussite de la thérapie.
Comment savoir si c’est le bouleau ou plutôt le gazon de votre belle-mère qui vous fait pleurer? Après avoir délimité la période annuelle à risque, l’allergologue va procéder à des tests cutanés et sanguins.
Chez les polyallergiques, un test de provocation respiratoire s’avère utile pour identifier l’allergène principal.
Le but de l’immunothérapie? Corriger le comportement intolérant de certaines cellules du système immunitaire (cellules CD4). Par manque de discernement, celles-ci rejettent les pollens qui sont des substances parfaitement inoffensives. Une réaction inadéquate aux conséquences pénibles: éternuements, démangeaisons, rhinite, conjonctivite, voire asthme dans les cas les plus graves.
Durant trois ans minimum, on administre des doses croissantes de l’allergène fautif afin d’augmenter la tolérance de l’organisme.
« Il faut du temps pour amener les cellules concernées à adopter un comportement normal et obtenir un effet durable », commente le Dr Christophe Deluze, allergologue et consultant aux urgences de l’Hôpital cantonal de Genève.
En outre, le traitement n’est pas exempt d’effets secondaires, le plus souvent locaux (démangeaisons ou inflammation au point de la piqûre). Il arrive parfois que les symptômes du rhume des foins apparaissent un ou deux jours plus tard.
Enfin, dans un cas sur mille, on observe des réactions systémiques de type anaphylactique (malaise brutal avec chute de tension). Raison pour laquelle « il est recommandé de garder le patient au cabinet pendant la demi-heure qui suit l’injection ». Conseil: choisir un spécialiste de la désensibilisation qui est équipé pour la réanimation.
La désensibilisation est donc une thérapie lourde qui s’adresse à des personnes motivées ayant beaucoup de symptômes allergiques ou un asthme débutant.
L’investissement de temps est surtout important au début, lors de la période d’induction de tolérance: pendant trois ou quatre mois, le patient doit se rendre une heure chaque semaine chez son médecin afin de parvenir progressivement à la dose d’entretien. Ensuite, les injections deviennent mensuelles.
Consolation: on observe une atténuation des symptômes dès la première année de traitement…
Suzy Soumaille
Allergies croisées
Non contentes de sortir leur mouchoir à la belle saison, environ 30% des personnes hypersensibles aux pollens le sont aussi à divers fruits et légumes. En raison de certaines similitudes, en effet, l’organisme de l’allergique a tendance à confondre ses ennemis en prenant, par exemple, une pomme pour du pollen de bouleau…
Les allergies croisées les plus courantes: pollen de bouleau et pomme/carotte/céleri/ noisette; pollen d’ambroisie et melon/pastèque; pollen de graminées et tomate/cacahuète. Les symptômes sont généralement locaux; on enregistre des démangeaisons dans la bouche et une gêne au niveau du pharynx.
Le traitement vise toujours l’allergie initiale, à savoir le pollen. Dans un certain nombre de cas, une désensibilisation apporte une amélioration sur les deux fronts.