Peut-on mesurer la durée de l’amour ? Si la question semble poétique, la science, elle, s’y intéresse de très près. Selon plusieurs chercheurs, les sentiments amoureux ne seraient pas éternels, mais directement liés à des mécanismes physiologiques bien précis. Et contrairement à une idée répandue, la fameuse « flamme » ne durerait pas forcément trois ans.
L’amour, une affaire de biologie
La neurobiologiste Lucy Vincent, auteure de nombreux ouvrages consacrés au lien entre amour et cerveau, s’est penchée sur la question. Invitée sur RTL à l’occasion de la sortie de son livre Le cerveau des amoureux (Albin Michel), elle a expliqué que l’amour passionnel – celui des débuts où tout semble magique – aurait une durée moyenne de 18 mois à 3 ans.
Au-delà de cette période, précise-t-elle, seuls les couples « solides » parviennent à maintenir le lien, mais sous une autre forme. Ce n’est pas que l’amour disparaît, il se transforme. L’état passionnel des premiers temps laisse place à une affection plus stable, basée sur la complicité et l’attachement.
Quand la passion laisse place à la tendresse
« Quand la passion délirante pour le cerveau s’arrête, cela ne veut pas dire qu’on n’aime plus son partenaire », explique Lucy Vincent. « On passe simplement à un autre fonctionnement. »
Cette transition est souvent déstabilisante. Beaucoup pensent s’être trompés de personne, alors qu’il ne s’agit en réalité que d’une évolution naturelle du sentiment amoureux.
Au début d’une relation, le cerveau se focalise sur la nouveauté et la fusion. C’est la phase de l’amour « aveugle », où l’on idéalise l’autre en occultant ses défauts. Mais cette vision ne peut pas durer éternellement. Avec le temps, le cerveau s’adapte, les hormones changent, et les sentiments deviennent plus matures.
Le rôle clé des hormones
L’amour est en grande partie influencé par deux hormones : la dopamine et l’ocytocine.
La première est liée à l’attirance et au plaisir. C’est elle qui provoque l’euphorie et le désir intense au début d’une relation. L’ocytocine, quant à elle, est l’hormone de l’attachement. Elle renforce les liens affectifs et favorise le sentiment de sécurité et de complicité dans le couple.
Au fil du temps, la production de dopamine diminue, ce qui réduit l’intensité de la passion. L’ocytocine prend alors le relais, permettant de construire une relation plus stable et plus profonde. C’est à ce moment-là que l’amour devient un choix conscient, nourri par la tendresse, les souvenirs partagés et la volonté de rester ensemble.
L’amour durable : une question d’adaptation
Loin d’être une fatalité, la fin de la passion initiale est en réalité une étape essentielle pour qu’un couple évolue vers une relation plus mature. Ceux qui acceptent cette transformation, plutôt que de la redouter, ont bien plus de chances de faire durer leur histoire.
Comme le résume Lucy Vincent, « l’amour fou ne dure pas toute la vie, même dans un couple solide ». Mais c’est justement ce passage de la passion à la complicité qui permet à certains de bâtir un amour sincère, lucide et durable.