L’hépatite est une maladie qui touche le foie en entraînant une altération de sa fonction normale de détoxication du sang. Le foie est effectivement le filtre du système sanguin par lequel sont éliminés une grande partie des déchets générés par le fonctionnement physiologique de l’organisme. Les hépatites peuvent être de causes différentes. On parle d’hépatite médicamenteuse lorsque l’atteinte hépatique est due à un médicament (ex le paracétamol), d’hépatite toxique, d’hépatite alcoolique…La première cause infectieuse d’hépatite est liée aux virus. Plusieurs virus sont régulièrement mis en évidence. La première a été l’hépatite A de contamination essentiellement digestive. Ont suivi les hépatites B puis C et d’autres types viraux dont certains encore en cours d’analyse.
L’hépatite A de contamination digestive (par la bouche et les selles) touche surtout l’enfant et l’adulte jeune et se rattache aux mauvaises conditions d’hygiène.
Les voyages dans certains pays en voie de développement sont un facteur de risque majeur pour ce type d’hépatite qui motive le développement de campagne de prévention par la vaccination pour les sujets amenés à voyager en zone à risque.
Les manifestations débutent par l’association de nausées avec perte d’appétit douleurs abdominales, fatigue, syndrome grippal, douleurs articulaires voire urticaire. Ces manifestations durent 1 à 3 semaines et précèdent la phase ictérique (communément appelée jaunisse). Il arrive que les patients soient contaminés sans manifestation, ni apparition d’ictère.
Le diagnostic est biologique avec une altération du bilan hépatique et une positivité de la sérologie au virus HAV.
L’évolution est classiquement favorable en 10-15 jours avec souvent une persistance d’une fatigue plusieurs semaines à plusieurs mois.
La prévention passe par la vaccination des voyageurs et surtout le respect des consignes hygiénodiététiques de base.
L’Hépatite B se transmet par différentes voies de contamination. La voie parentérale (sanguine) est le mode de contamination le plus fréquent. Il s’agit de transmission par piqûre avec du matériel souillé, échange des seringues de toxicomanes, transfusion de sang contaminé. La voie sexuelle génitale ou orale (sperme, sécrétions cervico-vaginales, salive mêlée de sang…) en fait une maladie possiblement sexuellement transmissible. La transmission mère-enfant est-elle aussi possible et expose l’enfant à un risque élevé de maladie chronique.
Les manifestations passent souvent inaperçu (90% de formes asymptomatiques ) ou ressemblent à celles de l’hépatite A. Le bilan biologique hépatique est la encore perturbé et le diagnostic est sérologique. L’enjeu du diagnostic sérologique est de déterminer si la maladie est aiguë, ou chronique.
L’hépatite virale B chronique expose au risque de cirrhose du foie, et d’évolution en cancer du foie.
Le traitement est tout d’abord préventif avec vaccination obligatoire de tout le personnel de santé, et recommandation de vaccination de tous les enfants et adolescents ou adultes jeunes dans le but d’éradiquer cette maladie. La limitation de tout comportement à risque (toxicomanie, matériel à usage unique, méthodes de traitements des dons de sang) est aussi une démarche importante dans la prévention au virus HBV.
La prise en charge thérapeutique d’une maladie avérée associe des antiviraux tels les interférons et la lamivudine avec une inconstante efficacité de ces traitements.
L’hépatite C est de contamination essentiellement sanguine (90%) et beaucoup plus faiblement que l’hépatite B sexuelle et maternofoetale. Il s’agit en fait de contamination par contact avec le sang du porteur par effraction de vaisseaux. L’hépatite C, avec 500.000 à 600.000 personnes infectées en France en 2000, est au même titre que l’hépatite B, un important problème de santé publique, largement médiatisé par l’affaire du sang contaminé. Elle ne présente habituellement peu ou pas de manifestations cliniques mais évolue vers la chronicité dans 80% des cas. Le risque de développement d’une cirrhose sur hépatite C chronique est de 20% après quinze ans d’évolution avec risque de développement ultérieur d’un cancer du foie (carcinome hépatocellulaire).
Là encore, les premières mesures doivent être préventives avec éradication des sujets à risque des dons de sang, programmes de désinfection de tout matériel médical d’exploration (endoscope…), diffusion de matériels à usage unique, prévention de la toxicomanie et dépistage de la population à risque en vue d’une prise en charge précoce. Des réseaux de soins sont d’ailleurs en développement dans plusieurs régions françaises avec dépistage gratuit.
Le traitement consiste d’abord en un sevrage en alcool ou en drogue des sujets atteints. L’association d’interféron avec la ribavirine a démontré récemment son efficacité avec un traitement long sur un an et 43% de guérison et devient le traitement de référence actuel de l’hépatite C.
D’autres types viraux ne sont pas développés dans cet article car de fréquence beaucoup plus faible et encore mal explorés. Les hépatites virales sont donc un enjeu de santé publique majeur au même titre que les infections virales telles que le sida, et nécessitent en l’absence de traitement curatif d’efficacité constante, la mise en place et le respect de mesures de prévention.
Question 1 : vaccination contre l’hépatite B et sclérose en plaque ?
Après la campagne de vaccination contre l’hépatite B, plusieurs complications neurologiques graves ont été enregistrées. Le débat a alimenté la presse médicale pendant plusieurs mois. On s’en tiendra aux recommandations du ministère imposant la vaccination à tous le corps sanitaire et le recommandant pour tous les enfants dès l’âge de deux mois. A noter que l’innocuité semble avoir été démontrée pour les enfants de moins de cinq ans.
Question 2 : Comment se fait le diagnostic de cirrhose et de cancer du foie ?
Le diagnostic se fait dans les deux cas par preuve histologique, c’est à dire par analyse au microscope du tissu hépatique. Il convient de pratiquer alors une biopsie hépatique, qui se fait par obtention d’une carotte de foie. Le geste est court et s’effectue sous anesthésie locale. En raison des risques d’hémorragies liées à l’importante vascularisation du foie, une hospitalisation pour surveillance est nécessaire durant 24 heures.
Question 3 : Comment s’orienter vers le diagnostic d’hépatite ?
Devant des signes tels qu’une fatigue au long cours inexpliquée, l’existence de troubles digestifs avec des épisodes de diarrhées ou de nausées répétés, l’apparition d’un teint jaune traduisant une réaction hépatique, la survenue de douleurs articulaires ou d’infections récidivantes, on évoquera le risque d’hépatite virale. On peut la découvrir devant un bilan biologique hépatique perturbé pratiqué de manière fortuite (en cours d’hospitalisation …). On surveillera tout patient ayant ou ayant eu un comportement à risque de contamination.
Question 4 : Et le risque de contagion ?
Le respect des mesures hygiénodiététiques écarte tout risque de contagiosité de la maladie. Il s’agit, dans le cas de l’hépatite A (comme pour de nombreuses maladies infectieuses) du lavage régulier des mains et après chaque passage aux toilettes, le lavage des aliments, l’ingestion d’eau potable et l’évitement de toute source contaminée (eau minérale, épluchage des fruits, ébullition de l’eau de cuisson). Dans le cas des hépatites B et C, les relations sexuelles protégées, l’évitement de toute toxicomanie intraveineuse, le traitement de tous les produits sanguins avant transfusion, et l’écartement des dons de sang des donneurs à risque doit suffire à éviter une contamination virale. Vivre avec une personne contaminée ne présente aucun risque à condition de respecter ces règles simples et communes. Mettre à l’écart les sujets malades expose à bien plus de risques et beaucoup plus de complications notamment d’ordre psychologique.