Angoisse d’être abandonné, peur de la violence, isolement social, sentiment de honte mais aussi
Par amour, mais aussi par peur, l’entourage va tout tenter pour protéger le buveur, en cautionnant ses actes ou en les camouflant. Par exemple, en appelant le patron pour dire que son mari est cloué au lit par une grippe, alors qu’il a une gueule de bois. Ou en se précipitant chez l’épicier pour acheter des bouteilles par crainte de représailles.
Mais le remède est pire que le mal: en agissant de la sorte, on ne fait que renforcer le comportement dépendant. Un effet pervers qu’on appelle co-alcoolisme: «Cette attitude est légitime mais parfaitement contre-productive», insiste Michel Graf. D’ailleurs, voyant que rien ne change, les gens s’épuisent et finissent par craquer. C’est le moment de demander de l’aide.
Mais comment briser le cercle vicieux de la codépendance? «Les proches doivent comprendre qu’il est indispensable de se renforcer soi-même avant d’aider l’autre.» En clair, on arrête de vouloir empêcher l’autre de boire. Et on refuse de subir les conséquences de ses alcoolisations en lui laissant la responsabilité de ses actes. C’est la seule façon de le mettre face à la réalité et de le faire réagir.
Pour Michel Graf, dans l’approche de l’alcoolisme, il est primordial de reconnaître la souffrance de la famille de la personne dépendante et de proposer des soutiens à l’extérieur du foyer. Rompre le silence et l’isolement, c’est déjà commencer à aider l’autre.
Les groupes d’entraide se prêtent particulièrement bien au travail de reconstruction personnelle que les proches doivent accomplir afin de se libérer du pouvoir de l’alcool sur leur vie. Rencontrer d’autres personnes qui ont traversé les mêmes difficultés est un des moyens de reprendre espoir et de changer de comportement.