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Je me soigne tout(e) seul(e)…

L’automédication présente d’indéniables avantages. A condition de la pratiquer avec intelligence et circonspection

En évitant des consultations multiples et des examens complémentaires onéreux, l’automédication contribue à la diminution des coûts de la santé.

Cependant, se soigner tout seul ne supporte guère l’improvisation. «L’automédication requiert un minimum d’éducation et un maximum de bon sens!», lance le professeur Pierre Dayer, responsable de la pharmacologie clinique de l’Hôpital cantonal de Genève.

Prendre un médicament de son propre chef, ou sur le conseil de sa belle-soeur, n’est jamais un acte anodin. Pour preuve, une simple aspirine peut occasionner des dégâts insoupçonnés si l’on est allergique à la substance de base, l’acide acétylsalicylique, ou si l’on couve un ulcère.

Au nombre des dangers découlant d’une automédication hasardeuse, citons le risque lié à la toxicité du médicament lui-même, les interactions médicamenteuses, le non-respect de la posologie, et donc, l’accident par surdosage (donner à un enfant un médicament dosé pour un adulte), la prise de médicaments par des personnes exigeant une prudence particulière (comme la femme enceinte) et l’abus de médicaments ainsi que le développement d’une dépendance.

«En fait, le plus grand danger est de passer à côté du diagnostic, prévient Pierre Dayer. C’est pourquoi il ne faut jamais banaliser ou sous-estimer un symptôme persistant qui serait le signal d’une maladie grave.»

Si l’automédication demeure, en définitive, une affaire de responsabilité personnelle, il existe heureusement des garde-fous contre une mauvaise utilisation des médicaments. Ces derniers sont, en effet, passés au crible par l’Office intercantonal des médicaments qui les classe en fonction de leur dangerosité et de leurs effets secondaires. Résultat, les médicaments dont l’emploi exige une surveillance médicale ne sont délivrés que sur ordonnance.

Reste que les multiples cachets, sirops, gouttes pour le nez et autres sprays pour la gorge, vendus librement, ne sont pas inoffensifs pour autant. D’où le rôle essentiel joué par le pharmacien.

Avez-vous de la température? Souffrez-vous d’un ulcère? Etes-vous enceinte? Quels autres médicaments prenez-vous en ce moment? Devez-vous conduire un véhicule? Est-ce pour un enfant? Autant de questions élémentaires qu’un apothicaire digne de ce nom se doit de poser à un client qui souhaite soigner tout seul une grippe ou toute autre affection aiguë.

Enfin, une purge régulière de l’armoire à pharmacie s’impose. Exit les médicaments sous forme liquide déjà employés: ce sont de véritables bouillons de culture. Même sort funeste pour les antibiotiques ou les médicaments délivrés sur ordonnance et utilisés dans le cadre d’un traitement spécifique terminé.

Et, comme le veut la formule, si les symptômes jouent les prolongations, consultez votre médecin.


Conduite en état grippal…

Prendre le volant implique que l’on soit en pleine possession de ses moyens. Or, certains médicaments, vendus sur ou sans ordonnance, sont susceptibles de perturber l’aptitude à conduire.

Des produits aussi courants que les antihistamiques (contre les allergies), les antinauséeux, les vasoconstricteurs (qui «débouchent le nez»), les sirops antitussifs, certains antidouleurs (codéine, dérivés morphiniques) et les antidépresseurs entraînent de la somnolence, voire des vertiges.

Prudence aussi avec les somnifères et les tranquillisants dont la durée d’action peut se prolonger longtemps.

A bannir: la combinaison médicaments-alcool qui multiplie dangereusement les risques.

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