Une affaire hors-norme secoue la Dordogne. Une femme de 51 ans, originaire de La Force, a comparu (en son absence) devant le tribunal correctionnel de Bergerac pour une série d’escroqueries qui s’étalent sur plusieurs années. Entre fraudes, falsifications et détournements, cette quinquagénaire aurait soutiré près de 80 000 euros à plusieurs organismes publics ainsi qu’à des personnes vulnérables.
Une combine méthodique et répétée
Selon le tribunal, les faits ont été commis entre 2015 et 2018. Le mode opératoire décrit par les enquêteurs est frappant : une mécanique parfaitement huilée, toujours reproduite de la même manière, au point d’être évoquée comme une méthode presque professionnelle.
Tout commence lorsque les gendarmes découvrent à son domicile un tampon de médecin utilisé pour falsifier des arrêts de travail. Grâce à ces documents frauduleux, la prévenue aurait touché 28 000 euros de la CPAM du Tarn-et-Garonne et 15 000 euros supplémentaires de celle de Dordogne, alors même qu’elle percevait déjà un salaire.
Les représentants de la Sécurité sociale évoquent une capacité « extraordinaire » à exploiter chaque faille pour maximiser les pertes des organismes publics.
Allocations chômage et détournements professionnels
La fraude ne s’arrête pas aux faux arrêts maladie. Durant quatre ans, la quinquagénaire aurait également perçu des allocations chômage tout en travaillant. Une fraude à France Travail (anciennement Pôle emploi) estimée à plus de 31 000 euros.
Parallèlement, la femme est aussi suspectée d’avoir utilisé illégalement le chéquier du cabinet d’avocats qui l’employait à l’époque. Treize chèques auraient été émis pour s’acheter des vêtements ou récupérer du liquide, pour un préjudice total dépassant les 4 800 euros. C’est le seul volet de l’affaire qu’elle conteste encore à ce jour.
Udaf : des personnes sous tutelle parmi les victimes
L’un des aspects les plus inquiétants du dossier concerne son poste de mandataire judiciaire à l’Udaf (Union départementale des associations familiales). Selon l’enquête, elle aurait profité de cette fonction pour détourner de l’argent appartenant à des adultes protégés dont elle gérait les finances. Un abus de confiance lourd, qui alourdit encore le bilan global des détournements.
Au total, selon les calculs du parquet, la somme soustraite à diverses institutions et victimes atteint environ 78 800 euros.
Une prévenue absente à son procès
Malgré l’importance des faits qui lui sont reprochés, la quinquagénaire ne s’est pas présentée à l’audience du 19 novembre 2025. Son avocat évoque un stress post-traumatique et un état de santé incompatible avec une comparution. Un argument qui a fait réagir le procureur Gaël Bellet, soulignant l’ironie de la situation : la prévenue aurait souvent mis en avant son statut de victime lors de la procédure, se plaignant d’être traitée « comme une délinquante ».
Le représentant du ministère public ne partage pas cette vision. Il insiste : « Vous êtes une délinquante », rappelant la gravité des accusations et les conséquences financières pour les organismes ciblés.
Une peine requise et un jugement attendu
Le parquet a requis 15 mois de prison ferme, avec possibilité d’aménagement sous bracelet électronique, au vu de la gravité, de la répétition et de l’ampleur des faits reprochés.
Le jugement définitif sera rendu le 20 janvier prochain.

