Des tétines pour bébés vendues par trois marques européennes très connues — Philips, Curaprox et Sophie la Girafe — contiendraient des traces de bisphénol A (BPA), une substance chimique controversée, selon une enquête de l’association de consommateurs tchèque dTest.
Cette révélation inquiète les parents et relance le débat sur la sécurité des produits destinés aux nouveau-nés.
Un perturbateur endocrinien dangereux même à faible dose
Le bisphénol A est un produit chimique utilisé dans la fabrication de certains plastiques. Il est connu pour ses effets néfastes sur la santé humaine, notamment chez les enfants en bas âge. Selon l’association environnementale Chem Trust, le BPA peut contribuer à :
- une diminution du nombre de spermatozoïdes,
- des troubles hormonaux,
- des risques accrus de cancers (sein, prostate),
- l’obésité et le diabète,
- une puberté précoce,
- des altérations du développement cérébral.
La structure du BPA est similaire à celle de l’œstrogène, l’hormone féminine, ce qui lui permet d’agir comme un perturbateur endocrinien. Les experts soulignent que même de très faibles concentrations peuvent provoquer des effets sur l’organisme des bébés, particulièrement vulnérables.
Des analyses en laboratoire alarmantes
Pour mener son enquête, dTest a acheté 21 tétines vendues en Europe centrale (République tchèque, Slovénie, Hongrie) ainsi que sur la plateforme en ligne Temu. Chaque tétine a été plongée dans une solution de salive artificielle pendant 30 minutes, afin de simuler l’usage réel par un bébé.
Les résultats sont préoccupants :
- Curaprox “Baby Grow with Love” : 19 microgrammes de BPA par kilo,
- Sophie la Girafe : 3 microgrammes par kilo,
- Philips Avent Ultra Air : 2 microgrammes par kilo,
- Temu : 2 microgrammes par kilo.
Suite à ces découvertes, Curaden (Curaprox) a immédiatement décidé de retirer les tétines concernées du marché et de rembourser les clients. Sophie la Girafe a indiqué que la quantité détectée était « insignifiante », tandis que Philips a affirmé ne pas avoir retrouvé de BPA dans ses propres tests.
Une réglementation européenne floue
Si ces concentrations restent inférieures aux limites légales européennes, cette affaire révèle des incohérences réglementaires.
En effet :
- La norme EN1400 fixe une limite de migration du BPA depuis les tétines à 10 µg/kg,
- La directive européenne sur la sécurité des jouets fixe une limite à 40 µg/kg,
- L’utilisation du BPA est totalement interdite dans les biberons depuis 2011.
Ce « deux poids, deux mesures » fait réagir les associations de défense des enfants, qui estiment que les sucettes — souvent utilisées plus longtemps que les biberons — devraient faire l’objet d’une réglementation tout aussi stricte.
Les parents doivent-ils s’inquiéter ?
Bien que les valeurs mesurées ne dépassent pas les seuils fixés par la réglementation actuelle, les experts insistent sur la prudence. Les bébés sont particulièrement sensibles aux perturbateurs endocriniens, même à faibles doses.
Conseils pour les parents :
- Privilégier les produits clairement certifiés sans BPA ni autres perturbateurs endocriniens,
- Se tenir informé des rappels et enquêtes produits,
- Changer régulièrement les tétines et éviter les produits de provenance incertaine.
En résumé :
Cette affaire rappelle l’importance d’une réglementation plus stricte pour protéger les enfants des substances chimiques nocives. Même si les fabricants respectent les normes en vigueur, la vigilance des associations et des parents reste essentielle pour garantir la sécurité des plus petits.