Au regard de l’impact direct et substantiel du tabagisme sur les maladies parodontales, mais aussi surtout sur le succès implantaire, de plus en plus de professionnels de la chirurgie dentaire se positionnent pour que des conseils sur le sevrage tabagique et les alternatives à la cigarette soient intégrés de façon routinière dans la pratique odontologique.
C’est le magazine professionnel Le monde dentaire suisse qui, dans son édition de fin d’année, pose les bases du débat. Au regard de la nocivité du tabac pour la santé bucco-dentaire (bien connue et largement documentée depuis des décennies), les dentistes et chirurgiens-dentistes ne devraient-ils pas intégrer un volet information et prévention à l’égard de leurs patients fumeurs ? En insistant sur les dangers comparés de la cigarette et de ses principaux substituts (cigarette électronique et tabac à chauffer notamment).
« Le tabagisme a en effet des conséquences négatives non seulement en termes de survenue d’un cancer de la cavité buccale, mais aussi de degré de sévérité et d’évolution des maladies parodontales, ainsi que de succès d’un traitement implantaire », explique la publication scientifique avant de poser la question d’une intégration de « conseils pour le sevrage tabagique ou des informations sur les conséquences de la consommation de tabac » dans le cadre des pratiques odontologiques.
Selon Le Monde dentaire suisse, « le tabagisme influence un grand nombre d’options thérapeutiques dans le cadre de la santé buccale », évoquant notamment les pistes « prometteuses » pour la prévention des maladies systémiques et la diminution des risques de maladies buccodentaires. Avant d’évoquer les substituts à la cigarette, qui représentent de bonnes options pour « les individus ne pouvant ou ne voulant pas arrêter de fumer », car ces produits sont « potentiellement associés à des risques moindres et donc vraisemblablement moins nocifs ».
Le magazine insiste sur l’importance pour les professionnels de la santé bucco-dentaire, et notamment pour les chirurgiens dentaires, d’opter pour une logique de réduction des risques qui vise à encourager avant tout l’arrêt du tabac, mais aussi d’accompagner les fumeurs irréductibles vers des pratiques moins nocives pour leur hygiène buccodentaire. Le magazine cite notamment la cigarette électronique qui serait, selon les autorités britanniques 90% moins dangereuse que la cigarette, et le tabac à chauffer, émettant 90% à 95% moins de produits toxiques qu’une cigarette.
A ce titre, Le Monde dentaire suisse s’est tourné vers le dentiste Ingo Schröder, lui-même ancien fumeur, qui a choisi avec tous les fumeurs de son équipe de passer depuis 14 mois au tabac à chauffer. Selon lui, les résultats sont extrêmement probants en matière de santé bucco-dentaire. Au-delà du fait qu’aucun membre de l’équipe n’a repris la cigarette, le docteur Schröder a évoqué de nombreux points positifs.
Le praticien a notamment noté des gencives plus saines, une sensibilité réduite, des dents plus blanches, moins de tâches sur les dents, un bien-être globalement accru, plus de goût, ainsi que moins de germes impliqués dans la parodontie.