Dans un monde où la charge mentale continue de peser lourdement sur les épaules des femmes – touchant 8 mamans sur 10 – une nouvelle tendance émerge pour offrir un répit bien mérité : la « momcation ». Ce concept venu des États-Unis propose aux mamans de partir en vacances sans conjoint ni enfants, pour se ressourcer et retrouver un peu de liberté. Focus sur un phénomène qui suscite autant d’enthousiasme que de débats.
Une évasion salutaire
Contraction des mots « mom » (« maman ») et « vacation » (« vacances »), la momcation est bien plus qu’une simple pause. Elle incarne une volonté de rompre avec le quotidien souvent éreintant de la vie familiale. Que ce soit pour un week-end, une journée ou une semaine complète, ces parenthèses en solitaire permettent aux mamans de recharger leurs batteries et de prendre soin d’elles-mêmes.
Elizabeth Haynes, une maman américaine de 33 ans, a fait de la momcation une tradition personnelle. Chaque année, elle s’accorde une journée et une nuit dans un hôtel de luxe pour son anniversaire et la fête des mères. Au programme : spa, pizza, vin, Netflix, bain chaud et… 12 heures de sommeil consécutives. « C’est mon moment pour souffler et me réaligner », confie-t-elle.
Une réponse à la charge mentale
La popularité de la momcation ne doit rien au hasard. Dans un contexte où les femmes continuent d’assumer la majeure partie des responsabilités domestiques et parentales, prendre du temps pour soi est souvent perçu comme un luxe. Selon une étude de l’Insee réalisée en 2017, une personne sur deux estime encore que les mères répondent mieux aux besoins des enfants que les pères. Cette perception sociétale, ancrée dans les mentalités, contribue à alourdir la charge mentale des femmes.
Dans ce contexte, la momcation agit comme un rappel : les mamans aussi ont le droit de se déconnecter et de penser à leur bien-être. Sur Instagram, le hashtag #momcation regroupe déjà plus de 55 000 publications. Plages, piscines, escapades à la campagne… ces photos témoignent du besoin croissant de ces pauses salvatrices.
Entre libération et culpabilité
Cependant, tout n’est pas rose pour celles qui adoptent cette tendance. Si la momcation offre un souffle de liberté, elle suscite également des jugements de la part de la société. « J’avais besoin que ma famille et mes amis me disent que je pouvais partir pendant 24 heures sans culpabiliser », explique Elizabeth Haynes. Car oui, prendre du temps pour soi, même pour une journée, reste encore trop souvent perçu comme un abandon de ses responsabilités.
Caitlyn Collins, sociologue à l’Université Washington de Saint-Louis, souligne une autre limite de ce phénomène. Si la momcation met en lumière l’importance du bien-être des mamans, elle pose aussi une question fondamentale : pourquoi ce type de pause est-il perçu comme une exception, plutôt que comme une norme ? « Pendant 362 jours, vous donnez tout, et trois jours par an, vous vous concentrez sur vous-même ? Ce n’est pas suffisant », résume-t-elle.
Vers une évolution des mentalités
La momcation révèle une réalité plus profonde : celle d’une nécessaire évolution dans le partage des responsabilités familiales et la perception des rôles parentaux. Si ce concept peut sembler révolutionnaire, il est avant tout un signal d’alarme sur les attentes écrasantes que la société impose aux mères.
Et si, au lieu de considérer la momcation comme un luxe, nous commencions à normaliser le besoin de repos et de reconnexion pour toutes les mamans ? Car, après tout, une maman épanouie est une maman mieux préparée à affronter les défis du quotidien.