Le journaliste et animateur Mohamed Bouhafsi, figure montante du paysage audiovisuel français, est récemment devenu la cible d’une vague de messages racistes d’une violence inouïe. À travers une publication sur son compte Instagram le 25 juin 2024, il a partagé une série de messages haineux qu’il a reçus, parmi lesquels : « On n’en veut plus des têtes d’arabe comme toi ». Un rappel brutal que, même en 2024, la visibilité médiatique d’un homme issu de la diversité dérange encore certains.
Un parcours exemplaire, une haine inexplicable
Mohamed Bouhafsi est loin d’être une figure marginale. À seulement 33 ans, il s’est imposé comme un journaliste respecté, d’abord à RMC puis sur BFMTV, RTL et France 5. En septembre, il prendra les rênes de l’émission C à vous chaque vendredi et samedi, succédant à Anne-Élisabeth Lemoine sur ces créneaux. Une ascension méritée pour un professionnel talentueux, passionné et apprécié du public. Et pourtant, ce succès attire aussi les foudres d’une frange de la population qui ne supporte pas de voir une « tête d’arabe » réussir et s’exprimer dans l’espace public.
Une libération inquiétante de la parole raciste
Le cas Bouhafsi n’est pas isolé. D’autres journalistes comme Karim Rissouli ont également été visés par des messages haineux, parfois même directement à leur domicile. Ce climat de tension s’aggrave depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, laissant place à une inquiétante libération de la parole raciste. Pour Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, « l’impunité semble déjà régner comme si l’extrême droite était déjà au pouvoir ». Un sentiment partagé par de nombreux responsables politiques et citoyens, qui constatent la montée d’une haine décomplexée dans le débat public.
Une société à la croisée des chemins
Ces attaques ne sont pas simplement des dérapages isolés sur les réseaux sociaux. Elles traduisent un malaise profond, une fracture identitaire qui menace le vivre-ensemble en France. La parole raciste, une fois tolérée, se banalise. Et lorsqu’elle s’exprime sans sanction, elle devient un outil politique, une arme de terreur pour exclure, faire taire et diviser.
Mohamed Bouhafsi, avec courage, a choisi de ne pas se taire. En exposant publiquement la haine dont il est victime, il met en lumière une réalité que beaucoup préfèrent ignorer. Son témoignage est un acte de résistance, mais aussi un appel à la vigilance collective.
Quelle réponse collective face à cette dérive ?
Il ne s’agit plus simplement de condamner, mais d’agir. Les plateformes sociales doivent renforcer leur modération. La justice doit être plus réactive face aux discours de haine. Et les citoyens, dans leur majorité silencieuse, doivent se lever pour défendre les valeurs de respect, de dignité et d’égalité. Car ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement le confort ou la sécurité de quelques journalistes. C’est l’âme même de notre démocratie.