Le passage à la retraite est souvent synonyme de nouvelles interrogations, surtout lorsqu’on a travaillé à l’étranger. Pour de nombreux frontaliers, et en particulier ceux qui ont passé leur carrière en Suisse tout en résidant en France, la question du montant de la pension est essentielle. Entre différences de systèmes, fiscalité complexe et démarches à ne pas négliger, voici ce qu’il faut savoir sur la retraite des travailleurs frontaliers franco-suisses.
Retraite : un moment redouté par beaucoup de Français
Selon une récente enquête de la CFDT, près de deux tiers des Français redoutent de manquer d’argent à la retraite ou de ne pas pouvoir couvrir leurs dépenses courantes. Une inquiétude légitime, d’autant que le montant des pensions dépend de nombreux paramètres : la durée de carrière, le niveau de salaire, le pays d’activité et les cotisations versées.
Pour les frontaliers, la situation se complique encore davantage, notamment lorsqu’ils ont travaillé toute leur vie en Suisse mais vivent en France.
Travailler en Suisse : un bon salaire, mais une retraite à bien comprendre
La Suisse est réputée pour offrir des salaires attractifs, notamment pour les frontaliers français. Mais à l’heure de la retraite, les règles changent. Le système suisse repose sur trois piliers :
- L’AVS (Assurance Vieillesse et Survivants), la retraite de base obligatoire.
- La LPP (prévoyance professionnelle), liée au salaire et aux cotisations versées par l’employeur et le salarié.
- Le troisième pilier, une épargne individuelle et facultative permettant de compléter ses revenus.
L’âge de départ diffère également : en France, il est désormais fixé à 64 ans (depuis la réforme de 2023), tandis qu’en Suisse, il est de 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes. Un départ anticipé est possible, mais entraîne une décote d’environ 6,8 % par année manquante.
Combien touche réellement un frontalier suisse à la retraite ?
Un salarié ayant travaillé en Suisse mais vivant en France peut cumuler deux pensions : celle versée par la Suisse et, le cas échéant, celle de la France pour les années cotisées sur le territoire français.
En pratique, les montants varient fortement selon la carrière, le métier et le niveau de cotisation. En moyenne, un retraité frontalier ayant travaillé exclusivement en Suisse peut espérer percevoir entre 3 300 et 6 800 euros par mois. Un niveau de retraite souvent supérieur à celui de la moyenne française, mais qui nécessite une bonne préparation.
Des erreurs fréquentes à éviter
Beaucoup de frontaliers commettent une erreur majeure : oublier de réclamer leur pension suisse. Contrairement à la France, la pension n’est pas versée automatiquement. Il faut en faire la demande auprès des institutions suisses compétentes (comme la Caisse suisse de compensation).
Autre point de vigilance : le choix entre rente mensuelle et capital pour le 2e pilier.
- Opter pour le capital permet de toucher la somme en une fois, mais cela peut entraîner une forte imposition.
- Choisir la rente offre plus de sécurité à long terme, mais moins de flexibilité.
Enfin, il ne faut pas oublier que même si la pension provient de Suisse, les revenus doivent être déclarés en France. À défaut, un redressement fiscal peut rapidement survenir.
En conclusion
Travailler en Suisse tout en vivant en France peut offrir une belle retraite, à condition de bien connaître les démarches et les spécificités des deux systèmes. Anticiper, comparer les options et se faire accompagner au moment de la liquidation des droits sont les clés pour éviter les mauvaises surprises.
Une chose est sûre : pour les frontaliers, la retraite ne s’improvise pas.

