Les jeunes adultes d’aujourd’hui reconfigurent les repères traditionnels de la vie de famille. Là où les générations précédentes envisageaient assez naturellement le mariage et la parentalité, la Gen Z semble emprunter un tout autre chemin. Leur choix ? Privilégier les animaux de compagnie, considérés non plus comme de simples compagnons, mais comme de véritables membres de la famille.
Une nouvelle forme de parentalité
Une étude OpinionWay réalisée en 2023 révèle que plus d’un tiers des jeunes de moins de 30 ans n’envisagent pas d’avoir d’enfants. Cette évolution s’inscrit dans un contexte mondial marqué par l’incertitude : anxiété climatique, précarité économique, hausse du coût de la vie, difficulté à se projeter dans l’avenir. Autant d’éléments qui amènent la jeune génération à remettre en question le modèle familial classique.
Pourtant, le besoin d’aimer, de protéger et de s’attacher ne disparaît pas. Il se redirige. Les animaux de compagnie – chiens, chats, lapins ou même reptiles – occupent désormais une place centrale dans la vie affective de nombreux jeunes adultes. En France, plus de 6 personnes sur 10 vivent avec un chien ou un chat, une hausse spectaculaire depuis 2021.
Les animaux, un refuge émotionnel
Ce phénomène n’est pas uniquement français. En Belgique, une enquête menée en 2025 par Mars et Calm a mis en lumière une donnée étonnante : 57 pour cent des personnes interrogées affirment se tourner d’abord vers leur animal de compagnie plutôt que vers leur partenaire ou leur famille en cas de stress ou de difficulté. L’animal devient ainsi une figure de réconfort, un repère émotionnel dans un monde perçu comme instable.
Cette transformation du lien entre humains et animaux s’observe également dans le langage. Le terme de « Puppy blues », inspiré du « Baby blues », illustre bien cette humanisation croissante. Il décrit cette sensation de mélancolie ressentie lorsqu’un chiot grandit trop vite, comparable à celle vécue par certains parents en voyant leur bébé devenir enfant.
Un attachement affectif… et économique
Ce lien renforcé se traduit aussi dans les comportements de consommation. La Gen Z n’hésite pas à investir dans le bien-être de ses animaux : harnais personnalisés, paniers design, vêtements d’hiver, friandises premium… Pour beaucoup, l’animal mérite autant d’attention – voire plus – qu’un enfant.
Mais cette affection a un prix. Selon une autre enquête OpinionWay menée pour Patolo, 78 pour cent des Français jugent les frais vétérinaires trop élevés. Pourtant, moins de 5 pour cent des propriétaires disposent d’une assurance santé animale. Ce décalage entre le lien affectif fort et la faible anticipation des dépenses reflète encore une forme d’improvisation dans cette nouvelle forme de parentalité.
Une tendance appelée à durer ?
Si la parentalité animale semble aujourd’hui répondre à un besoin émotionnel profond, elle ne signifie pas nécessairement un rejet définitif de la parentalité humaine. Pour beaucoup de jeunes, l’adoption d’un animal représente surtout une alternative temporaire, plus compatible avec un mode de vie mobile, urbain et souvent instable.
Reste que cette tendance marque un tournant culturel majeur. Elle redéfinit les priorités, les relations et les représentations de la famille. L’animal, compagnon silencieux mais fidèle, s’impose comme un partenaire de vie à part entière, capable d’apporter amour, stabilité et réconfort dans une époque où tout semble incertain.