Depuis plus de trente ans, l’arsenal anticonceptionnel n’a cessé de s’enrichir. A tel point que les
On estime qu’entre 30 et 40% de la population féminine, âgée entre 15 et 44 ans, prend la pilule. Depuis sa naissance, les scientifiques n’ont eu de cesse de chercher le juste équilibre entre efficacité et effets secondaires indésirables. A ce titre, l’arrivée des minidosées, dont le taux d’œstrogènes ne dépasse pas trente microgrammes, a marqué une étape décisive. Actuellement, on a atteint la limite inférieure du dosage œstrogénique (vingt microgrammes). Ces versions allégées conservent néanmoins toutes leurs qualités anticonceptionnelles. Les pilules récentes associent également un nouveau type de progestatif (comme le désogestrel et le gestodène).
Reste que les contraceptifs oraux de la troisième génération ne sont pas inoffensifs, comme l’ont montré des études menées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au début des années nonante. Le risque de thrombose veineuse existe et doit être évalué soigneusement avec la patiente. Outre les contre-indications habituelles (risque familial élevé…), la prudence est requise en présence d’obésité prononcée, de varices graves, de diabète, de tabagisme ou d’hypertension.
Dans la pratique, vu le nombre de pilules différentes sur le marché, on a de grandes chances d’en trouver une à son goût. « Il faut attendre trois mois pour se rendre compte si le contraceptif est bien toléré. En cas d’effets secondaires persistants comme une tension mammaire ou des saignements, le gynécologue choisira un dosage mieux adapté à sa patiente », explique le professeur Aldo Campana, directeur du département de gynécologie et obstétrique de l’Hôpital cantonal de Genève. Et de rappeler qu’on ne choisit pas un contraceptif pour la vie: la fécondité décline en vieillissant et les besoins se modifient.
Les contraceptifs hormonaux
De conception récente, les contraceptifs hormonaux à effet prolongé semblent promis à un bel avenir. On connaît déjà l’injection trimestrielle (intramusculaire), à base de progestatif uniquement. Il s’agit d’une méthode efficace, mais elle a toutefois l’inconvénient d’entraîner des irrégularités de cycle, voire une absence de règles.
Vendu notamment aux Etats-Unis et en Angleterre, le Norplant est un système d’implants sous-cutanés, prévu pour durer cinq ans.
Cette technique consiste à introduire dans le bras six bâtonnets en plastique contenant un progestatif. La méthode est réversible: la fécondité est retrouvée deux mois après le retrait des implants. L’arrivée chez nous de ce système, au départ très prometteur, semble pourtant compromise: des bâtonnets auraient été perdus….
Les stérilets
Le stérilet, concurrent modeste de la pilule – seulement 10% des femmes de 30 ans l’ont adopté – subit lui aussi des transformations. Les nouvelles versions tendent toutes à réduire les désagréments habituellement liés à cet objet, tels saignements et douleurs pendant la menstruation.
La grande nouveauté réside dans le stérilet diffuseur de progestatifs. Ce dispositif intra-utérin combine un stérilet à un apport hormonal local qui régularise les règles en diminuant radicalement les saignements. Autre avantage: la diffusion locale d’hormones réduit beaucoup le risque trombo-embolique, parfois associé à la pilule. « Ce stérilet est plus particulièrement destiné aux femmes de plus de 40 ans qui sont gênées par des règles abondantes, sans cause organique connue, et à celles qui souffrent de douleurs au bas-ventre pendant leur menstruation », estime Aldo Campana.
Les inconvénients? Au cours des trois à six premiers mois, de légères pertes de sang peuvent survenir en dehors des périodes de menstruations. Après un an, une femme sur cinq n’aura plus du tout de règles, ce qui n’est pas toujours bien accepté.
Les stérilets restent encore déconseillé aux femmes n’ayant pas eu d’enfants: le risque d’infection, pouvant dans certains cas entraîner la stérilité, est certes réduit, mais n’a pas totalement disparu.
Barrer la route aux spermatozoïdes
Les méthodes de barrière regroupent toutes les techniques qui font obstacle aux spermatozoïdes. Outre le préservatif, citons le diaphragme qui consiste en un disque souple de fin latex qui se place en diagonale le long du vagin. Plus petit, le cap cervical, composé de caoutchouc épais, va se caler sur le col utérin.
Vient ensuite la famille des spermicides, tous à usage unique, disponibles sous forme d’éponge contraceptive vaginale, d’ovule et de crème. Les spermicides peuvent être associés à d’autres méthodes (préservatif et diaphragme) et doivent être placés dans la cavité vaginale le plus profondément possible. Le taux d’échec pratique de ces produits tourne autour des 20%… Pour une efficacité maximale, le respect scrupuleux du mode d’emploi est indispensable.
Et la nature?
Les méthodes naturelles basées sur l’abstinence périodique demandent beaucoup de discipline pour une efficacité variable. Le taux d’échec pratique est de 20% et plus… « Les études ont montré de bons résultats chez les couples motivés qui avaient bien compris la méthode, commente Aldo Campana. Les trois quarts des échecs concernent des rapports ayant eu lieu pendant la période fertile en toute connaissance de cause… »
Le retrait (coït interrompu) consiste à interrompre le rapport juste avant l’éjaculation. Un exercice qui suppose une grande maîtrise de soi. D’où une sécurité aléatoire.
La méthode des températures et la méthode Billings reposent respectivement sur l’auto-observation quotidienne de la température et celle de la glaire cervicale. Le but est de repérer le moment de l’ovulation, période où les rapports sont fécondants.
Rappelons aux jeunes mamans que l’allaitement n’est pas un rempart absolu contre la grossesse. Plusieurs conditions doivent être remplies pour éviter les surprises: absence de règles pendant six mois et allaitement complet et fréquent. Il est recommandé d’en parler avec son gynécologue.
Pour bientôt
Sur le front de la très mythique pilule masculine, on continue à expérimenter une substance injectable à base d’androgènes (hormones sexuelles masculines) et de progestatifs, capable de stopper la production de spermatozoïdes. Précision de taille, l’injection est actuellement hebdomadaire… D’où un problème d’acceptabilité assez évident. Autre bémol: il faut attendre plusieurs mois avant que la méthode soit efficace. Les chercheurs réfléchissent maintenant à un produit ayant une durée d’action de trois mois.
L’OMS planche sur le vaccin anticonceptionnel depuis longtemps. Des essais cliniques sont actuellement poursuivis. D’une durée d’environ dix-huit mois, le vaccin provoque une réponse immunitaire qui neutralise une hormone (dite hCG) produite par l’embryon avant son implantation. Cette méthode du futur agit donc après la fécondation en empêchant la nidation, ce qui peut poser un problème éthique. Outre des doutes liés à son efficacité, l’OMS estime que dans le meilleur des cas, le vaccin ne devrait pas voir le jour avant une dizaine d’années.