Chaque année, la lettre d’information féministe Les Glorieuses publie une date symbolique : celle à partir de laquelle les femmes, à cause des écarts de salaires, commenceraient à « travailler gratuitement ». En 2025, cette date tombe le lundi 10 novembre à 11h31.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Selon les données les plus récentes de l’Insee, les femmes gagnent en moyenne 14,2 % de moins que les hommes, à temps de travail équivalent. Un écart qui, bien qu’en légère baisse depuis 2016 (où il atteignait 15,1 %), progresse trop lentement. À ce rythme, l’égalité salariale ne serait atteinte qu’en 2167.
Rebecca Amsellem, fondatrice de Les Glorieuses, résume la situation avec lucidité : « Il faut encore un coup de pouce pour accélérer dans la lutte pour l’égalité salariale. »
Des pistes concrètes pour changer la donne
Pour Les Glorieuses, la solution passe par une revalorisation des métiers majoritairement féminins, souvent sous-payés malgré leur importance sociale. Le collectif plaide également pour un congé post-naissance équivalent entre les deux parents, une mesure essentielle pour équilibrer les carrières et éviter que la maternité ne soit un frein professionnel.
Autre levier envisagé : conditionner l’accès des entreprises aux marchés publics et aux subventions au respect de l’égalité salariale. Une idée simple mais puissante, qui permettrait de s’assurer que l’argent public ne finance pas les inégalités.
La transparence salariale comme outil de justice
L’arrivée prochaine de la directive européenne sur la transparence des salaires est porteuse d’espoir. Dès 2026, les entreprises devront rendre publiques certaines informations sur leurs rémunérations, facilitant ainsi la comparaison et la négociation.
Rebecca Amsellem rappelle que les pays pionniers en la matière, comme l’Islande ou la Suède, ont vu leurs écarts de salaires pratiquement disparaître. « Là-bas, la transparence salariale est un non-sujet depuis des années », souligne-t-elle.
Un combat toujours d’actualité
Derrière la symbolique du « travail gratuit » se cache une réalité bien tangible : celle d’un déséquilibre persistant dans la valeur accordée au travail des femmes. Si des progrès ont été réalisés, ils restent trop lents. L’enjeu, désormais, est de passer des constats aux actions concrètes, pour que l’égalité ne soit plus une promesse lointaine, mais une réalité vécue au quotidien.