Pas toujours facile d’allaiter

Nourrir son bébé au sein demande du temps, de la motivation, un peu de technique et des mesures d’accompagnement

L’allaitement intervient à un moment sensible où la femme est fragilisée par la grossesse et l’accouchement. Il suffit alors d’un rien pour avoir le sentiment de ne pas être à la hauteur. Dans ce contexte parfois tendu, il est indispensable d’être soutenue, rassurée et conseillée.

L’Unicef a énuméré dix exigences minimales pour un environnement favorable à l’allaitement. Parmi celles-ci, il y a la mise au sein dans l’heure qui suit la naissance, la possibilité pour la mère et l’enfant d’être ensemble jour et nuit, ainsi que l’allaitement à la demande.

Dans les faits, ces dix commandements ne sont de loin pas toujours suivis. Les maternités n’accordent généralement pas beaucoup de place aux conseils à l’allaitement et nombre de jeunes mères n’osent pas demander de l’aide, de peur de «déranger» ou de passer pour incompétente.

«Le personnel soignant a encore besoin d’être sensibilisé à la question, reconnaît Jocelyne Bonnet, spécialiste clinique en obstétrique aux Hôpitaux universitaires de Genève. D’un autre côté, les femmes ne devraient pas attendre d’avoir des problèmes pour appeler une sage-femme ou une nurse à la rescousse.»

Pour répondre aux besoins des jeunes accouchées, les solutions ne manquent pas. Selon Jocelyne Bonnet, pendant les premières vingt-quatre heures, toutes les mises au sein devraient être accompagnées par un membre du personnel soignant. Ce dernier aurait notamment pour tâche de lutter contre les idées fausses et de donner quelques trucs qui facilitent la vie.

Par exemple, il est exceptionnel qu’une femme n’ait pas assez de lait. Il s’agirait plutôt d’un manque de pratique: il importe de stimuler la production de lait pendant la première semaine. De même, la qualité de ce breuvage ne peut être mise en cause. «Le lait est toujours adapté au bébé. Sa composition et sa couleur varient au fur et à mesure que l’enfant grandit.»

En outre, il faut savoir que si le bébé possède à la naissance le réflexe de succion et de déglutition, il ne sait pas attraper le sein tout seul. Et c’est là que la technique intervient: «La façon de présenter le sein au bébé est importante, explique Jocelyne Bonnet. Il faut centrer le mamelon dans la bouche du bébé.»

Comment? Alors que les quatre doigts sont placés sur le thorax, en dessous du sein, le pouce vient naturellement se poser sur le sein. Et le tour est joué… pour peu qu’une nurse ou une sage-femme prenne les quelques minutes nécessaires pour expliquer la position.

 

Les atouts du lait maternel

La Société suisse de pédiatrie recommande une alimentation au sein intégrale pendant au moins trois mois. La durée idéale étant comprise entre quatre et six mois.

L’occasion ici de rappeler avec le Dr Paul Bouvier, directeur du Service de santé de la jeunesse de Genève, les avantages de l’allaitement.

Pour la mère: un aliment «prêt à l’emploi» économique et un effet protecteur contre le cancer du sein. En outre, l’allaitement favorise la relation mère-enfant.

Pour l’enfant: un repas hygiénique, un apport fort précieux d’acides gras et de substances protectrices (dont des anticorps), une diminution des infections digestives et respiratoires ainsi que moins d’allergies (asthme, eczéma).

Quant à savoir si les enfants nourris au sein ont des meilleurs résultats scolaires que leurs camarades élevés au biberon, le débat reste ouvert. Sachant notamment que les femmes qui allaitent longtemps sont issues de milieux favorisés, donc mieux éduquées et informées.

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