Ces pays qui misent sur le jeu d’échecs dans l’enseignement primaire

Il est gratuit, portable, peu cher, peu bruyant et apprend aux enfants l’analyse, l’anticipation et la réflexion… le jeu d’echecs coche toutes les bonnes cases et s’impose d’ores et déjà comme un outil pédagogique de premier choix dans plusieurs pays. Et si la France s’inspirait du modèle britannique, américain, norvégien ou encore arménien ?

La concentration, l’anticipation et la mesure des conséquences des actes

Alors que les enseignants et les parents sont confrontés aux distractions des écrans, des jeux électroniques et/ou en ligne, des médias sociaux et des troubles de l’attention chez les jeunes générations, les échecs s’imposent comme un outil pédagogique de premier choix qui véhiculent un certain nombre de valeurs comme la compétition loyale, la discipline mentale, l’anticipation et la persévérance, avec un jeu réel, qui implique de toucher un échiquier et des pièces. Dans un article de recherche qui fait référence en la matière, Peter Dauvergne, universitaire et maître d’échecs canadien, explique : « Les échecs sont un outil d’enseignement particulièrement efficace. Ce jeu peut tout aussi bien mettre au défi l’esprit des filles et des garçons, doués et moyens, sportifs et non sportifs, riches et pauvres. Il peut apprendre aux enfants l’importance de l’anticipation, de la planification et les conséquences des décisions ».

Les échecs sont également un catalyseur de concentration, de mémoire, d’esprit sportif, de raisonnement logique et de prise de décision abstraite, avec une prise en considération des conséquences et des différents scénarii de la partie. De nombreuses études ont tenté de quantifier les avantages de l’enseignement des échecs aux enfants, mais la validité de leurs conclusions a souvent été affaiblie par la taille réduite des échantillons et les biais de confirmation. Certains pédagogues ne sont toujours pas convaincus de la nécessité de consacrer les maigres ressources de l’école à l’enseignement des échecs plutôt qu’à la pratique d’un instrument de musique, à la peinture ou à l’étude d’une langue étrangère… mais d’un autre côté, de nombreuses études statistiques ont démontré que les enfants qui excellent aux échecs sont plus doués pour les études.

Et si la France suivait l’exemple britannique en la matière ?

L’expérience britannique est très intéressante. Même si la France a montré une certaine volonté pour promouvoir les échecs à l’école, nous n’en sommes qu’au stade des recommandations, pas encore de l’incitation franche, dans le sens où les écoles publiques ne sont pas équipées de kits d’échecs pour les enfants. Malcolm Pein, directeur général d’une association caritative d’enseignement des échecs, a l’expérience de l’enseignement des échecs à des enfants défavorisés, souvent immigrés, dans les écoles publiques des Tower Hamlets, à Londres. Il est tellement convaincu de ses avantages éducatifs qu’il a fondé « Chess in Schools and Communities » il y a près d’une décennie pour promouvoir cette cause.

« Les résultats ont été étonnants. J’ai réalisé que les échecs ont le pouvoir d’améliorer considérablement la vie des enfants », se réjouit-il. Son association caritative aide aujourd’hui à enseigner les échecs à 25 000 enfants dans 302 écoles publiques du Royaume-Uni. L’objectif est d’enseigner 30 heures d’échecs pendant les six années de l’enseignement primaire, ce qui représente 0,45 % du temps de classe. « Je pense que c’est une bonne utilisation du temps », déclare M. Pein.

Il affirme que le sexe, l’âge et le niveau d’instruction sont sans importance dans le domaine des échecs. Mais il est important d’enseigner les échecs à tout le monde plutôt que de laisser la main aux enfants qui, dans la majorité des cas, ne savent pas ce que sont les échecs.

L’Arménie et l’Espagne montrent également l’exemple

L’Arménie est un pionnier en la matière, qui a imposé l’enseignement des échecs dans les écoles. Cette ancienne république soviétique d’à peine 3 millions d’habitants respire le jeu d’échecs ! Tigran Petrosian, le redoutable ancien champion du monde des échecs, est un héros national dans le pays. L’Arménie a introduit l’enseignement obligatoire des échecs pour les étudiants en 2011. Les enfants apprennent à jouer aux échecs deux heures par semaine, pendant deux ans. Mais la culture des échecs s’étend bien au-delà de la salle de classe, avec des magazines d’échecs hebdomadaires et des programmes télévisés destinés aux enfants.

Serzh Sargsyan, le président du pays et également chef de la Fédération arménienne des échecs, considère les échecs non seulement comme un avantage éducatif mais aussi comme un moyen de développer un sentiment d’identité nationale. « Nous ne voulons pas que les gens connaissent l’Arménie juste pour le tremblement de terre et le génocide. Nous préférerions qu’elle soit célèbre pour ses champions d’échecs », a-t-il déclaré.

D’autres pays, tels que les États-Unis, le Mexique, la Norvège et le Brésil ont également expérimenté des programmes d’enseignement des échecs de grande envergure. En 2019, le Parlement espagnol a obtenu une rare unanimité en adoptant une résolution non contraignante exhortant le gouvernement à intégrer les échecs dans le programme scolaire du pays. Les parlementaires ont cité une étude, menée par les universités de Gérone et de Lérida, sur les avantages éducatifs des échecs. Le rapport a conclu que les enfants qui jouaient à ce jeu obtenaient des notes plus élevées en mathématiques et en lecture. Un homme politique basque a décrit cette initiative comme un « investissement stratégique pour l’avenir ».

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